Dirty week-end by Helen Zahavi

Dirty week-end by Helen Zahavi

Auteur:Helen Zahavi [Zahavi, Helen]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Littérature anglaise
Éditeur: Libretto
Publié: 1991-08-14T22:00:00+00:00


XII

Ils prirent l’ascenseur jusqu’au troisième étage. Il la précéda dans le couloir et s’arrêta devant la chambre 23. Il ouvrit la porte et s’écarta pour la laisser entrer la première. Il la suivit à l’intérieur. Elle sentait sa proximité dans le noir. Il abaissa un interrupteur.

— Que la lumière soit.

On comprenait pourquoi il était presque professeur.

Elle aimait bien cette chambre. Elle aimait son aspect anonyme. Ça aurait pu être n’importe quelle chambre. Dans n’importe quel hôtel. Ce n’était pas forcément la chambre 23 de l’hôtel Samara.

— Je vais enfiler quelque chose de plus confortable, dit-il en déboutonnant sa chemise.

La peau flasque de son cou retomba sur son col. Elle trouva que ça lui allait bien.

— Voulez-vous attendre sur le balcon pendant que je me change ?

Il se grattait furieusement à travers son tricot de corps.

Elle sortit par la porte-fenêtre ; il tira le rideau derrière elle. C’était un de ces petits balcons étroits ornés d’une balustrade décorative. On appelait ça des balcons Juliette. Elle contempla Palace Pier en face d’elle, avec ses lumières de couleur qui clignotaient dans le ciel noir. Les odeurs de barbe à papa, de hamburgers et de poulet frit flottaient jusqu’à ses narines.

La jetée s’avançait dans la mer, mais la mer demeurait invisible. On ne la voyait pas, on ne la sentait pas. C’est le problème à Brighton. C’est un des problèmes à Brighton. Cette ville est tellement imprégnée de sa propre odeur, que parfois on ne sent pas la mer, même quand on est assez près pour cracher dedans.

Elle entendit des voix approcher dans la rue. Des voix fortes, fières, éméchées. Des voix du genre « Virée-du-samedi-soir-avec-les-potes ».

— Hé, enfoiré, rends-moi ça !

— Va te faire foutre.

— C’est ma mère qui m’a acheté ces bottes.

— Je vois Crawley de la fenêtre de ma chambre.

— Saloperies de bonnes sœurs. Putain, je hais les bonnes sœurs.

— Jolie bagnole.

— Je me suis fait Risley. C’est du gâteau.

— Alors je lui ai dit : on peut faire ça de la manière douce, ou de la manière forte. J’aime les deux.

Ils sont cinq, et ils donnent cette curieuse impression d’être partout à la fois. Sautant par-dessus les poubelles, tambourinant sur les toits des voitures, marchant dans la rue avec les jambes écartées pour montrer que ce sont de grands gars courageux, et que Brighton leur appartient.

— On s’emmerde ici.

— Dommage qu’il y ait pas de Pakistanais.

— Elle a pas pu marcher pendant trois jours après ça.

Au moment où ils passaient sous le balcon, Bella éprouva pour la première fois de sa vie un profond désir de posséder un pénis. Elle songeait, en les regardant passer, que ç’aurait été merveilleux d’avoir une quéquette. Car elle était incapable, physiquement incapable, de s’exprimer comme elle l’aurait souhaité.

Elle ne pouvait que s’imaginer debout sur le balcon en train de vider sa vessie. D’uriner sur les salopards qui passaient. Projeter une gracieuse parabole de pisse sur leurs têtes de brutes. Les inonder de ses eaux bénites, et leur souhaiter bonne chance en leur disant au revoir de la main.

Elle poussa un soupir et rentra dans la chambre obscure, refermant les rideaux derrière elle.



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