L'automne d'une reine by Elizabeth Chadwick

Auteur:Elizabeth Chadwick [Chadwick, Elizabeth]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Historique
ISBN: 9782381221441
Éditeur: Hauteville
Publié: 2020-09-15T22:00:00+00:00

Chapitre 27

Château d’Acre, comté de Norfolk, juin 1165

Hamelin vérifia le coffre de voyage qui attendait d’être emporté de sa chambre jusqu’au chariot qui attendait dans la cour et s’assura qu’il avait pensé à prendre sa dague de chasse préférée. Il savait parfaitement qu’elle s’y trouvait, mais vérifier à deux fois l’aidait à faire retomber quelque peu la tension.

En cette matinée d’été régnait au-dehors un soleil radieux. Il eût dû déjà se trouver en selle pour rejoindre son frère parti guerroyer. Le conflit avait repris en lisière des Marches galloises, et Henri avait organisé une campagne estivale dans le but de ramener, une bonne fois pour toutes, le prince Gwynedd à la raison.

Hamelin avait eu l’intention de se mettre en route dès l’aube, mais Isabelle était entrée en couches au petit jour. Puisqu’il n’était pas à un jour près, il avait retardé son départ. Depuis, le temps s’écoulait très lentement. La chambre où se trouvait Isabelle lui était interdite, et malgré les bonnes nouvelles qui lui parvenaient à intervalles réguliers par l’entremise des servantes, son agitation ne connaissait pas de trêve. Sa propre mère était morte en couches. Il n’osait envisager une telle issue pour Isabelle. Il tenait à elle autant qu’à sa propre vie.

Soufflant à pleins poumons, il se rendit aux écuries pour faire diversion. Carbonel tourna la tête vers lui à son arrivée et le salua d’un hennissement. Hamelin caressa son museau gris taupe.

— Alors, mon beau ? lança-t-il. Je veux croire que ce sera bientôt terminé.

Carbonel donna des naseaux et chercha sa main de ses lèvres. Enfant, Hamelin, par jalousie et parce qu’il se sentait humilié, avait un jour rendu boiteux un cheval qui lui était échu une fois que Henri en avait eu terminé avec lui. À cette époque, il était las de récupérer les vieilles carnes de ses frères chouchoutés par leur père. Celui-ci n’avait jamais eu connaissance du forfait et lui avait donné un cheval de remplacement : un animal lourd à long poil qui eût parfaitement convenu à une demoiselle d’honneur un peu guindée. Cela avait mis Hamelin dans une position encore plus difficile que précédemment, car il était devenu la risée de ses frères. À l’époque, l’injustice de sa propre situation l’avait fait enrager, mais, la maturité venant, il avait conçu une grande honte à cause de cette faute stupide, commise par pure rancœur. Il continuait de se sentir coupable, bien qu’il eût confessé son crime depuis longtemps et en eût été absous. Il n’en aurait parlé à personne hormis un prêtre, et surtout pas à Isabelle, qui avait toute confiance en sa probité. Une des raisons pour lesquelles il n’avait pas de bâtard avait sa source dans son enfance, même si sa propre bâtardise lui valait d’être le demi-frère d’un roi. Sa nouvelle famille était ce qu’il chérissait le plus au monde, et il emploierait jusqu’à ses dernières forces, s’il le fallait, pour la rendre illustre et la préserver de toute tache comme de tout déshonneur.

— Messire, lança Thomas, un de ses valets, en accourant vers lui.

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