Ce gros mot de communisme by Manuel Cervera-Marzal & Collectif

Ce gros mot de communisme by Manuel Cervera-Marzal & Collectif

Auteur:Manuel Cervera-Marzal & Collectif [Cervera-Marzal, sous la direction de Manuel]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions Textuel
Publié: 2021-11-15T03:00:00+00:00


Le communisme est-il bon pour les femmes ?

Irène Pereira

Dans le Manifeste du parti communiste, Marx et Engels prennent le temps de répondre à l’accusation de vouloir instaurer le communisme des femmes, comme par exemple chez Platon :

« Mais la bourgeoisie tout entière de s’écrier en chœur : Vous autres, communistes, vous voulez introduire la communauté des femmes !

Pour le bourgeois, sa femme n’est autre chose qu’un instrument de production. Il entend dire que les instruments de production doivent être exploités en commun et il conclut naturellement que les femmes elles-mêmes partageront le sort commun de la socialisation.

Il ne soupçonne pas qu’il s’agit précisément d’arracher la femme à son rôle actuel de simple instrument de production.

Rien de plus grotesque, d’ailleurs, que l’horreur ultra-morale qu’inspire à nos bourgeois la prétendue communauté officielle des femmes que professeraient les communistes. Les communistes n’ont pas besoin d’introduire la communauté des femmes ; elle a presque toujours existé.

Nos bourgeois, non contents d’avoir à leur disposition les femmes et les filles des prolétaires, sans parler de la prostitution officielle, trouvent un plaisir singulier à se cocufier mutuellement.

Le mariage bourgeois est, en réalité, la communauté des femmes mariées. Tout au plus pourrait-on accuser les communistes de vouloir mettre à la place d’une communauté des femmes hypocritement dissimulée une communauté franche et officielle. Il est évident, du reste, qu’avec l’abolition du régime de production actuel, disparaîtra la communauté des femmes qui en découle, c’est-à-dire la prostitution officielle et non officielle104. »

On sait par ailleurs que Proudhon, de son côté, était opposé au communisme économique105 justement, entre autres parce qu’il y voyait un risque de remise en question de la liberté dans l’espace privé. La famille constituait pour lui le rempart contre l’extension du pouvoir de l’État. Ce refus de Proudhon de l’abolition de la famille (en tant qu’institution sociale) a pour corollaire sa désapprobation de l’émancipation des femmes106.

Proudhon a été, de ce fait, particulièrement critiqué par le premier auteur libertaire à s’être réclamé du communisme : Joseph Déjacque (1821-1864). Ce dernier lui reprochait précisément de ne pas aller assez loin dans ses convictions libertaires :

« Anarchiste juste-milieu, libéral et non LIBERTAIRE, vous voulez le libre-échange pour le coton et la chandelle, et vous préconisez des systèmes protecteurs de l’homme contre la femme, dans la circulation des passions humaines ; vous criez contre les hauts barons du capital, et vous voulez réédifier la haute baronnie du mâle sur la vassale femelle107. »

Ainsi, pour Déjacque, l’anarchiste ou le libertaire doit prôner un communisme aussi bien dans le domaine économique qu’amoureux. Il s’agit non seulement d’abolir la propriété privée des moyens de production, mais également d’abolir cet acte de propriété privée que constitue le mariage.

Néanmoins, les femmes ont-elles donc intérêt au communisme ? L’abolition de la propriété privée économique leur est-elle favorable ? Suffit-elle à leur émancipation ? L’abolition du mariage et le « libre-échange » amoureux leur sont-ils favorables ?

Le communisme amoureux est-il favorable aux femmes ?

L’abolition du mariage, une revendication anarchiste et féministe

Cette critique du mariage et la revendication de son abolition se retrouvent chez les anarchistes comme chez les féministes.



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