2021 - Vertiges by Hoarau Loana

Auteur:Hoarau, Loana [Hoarau, Loana]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Thriller
Éditeur: Evidence Editions
Publié: 2021-02-18T23:00:00+00:00

ONZE

Je t’accordais le bénéfice du doute, alors que je me posais beaucoup de questions sur toi et tes agissements hors du commun. Je voulais t’accorder ma confiance. Tu étais connaisseur. Tu avais de bonnes relations. Qui étais-je, moi, pour croire que tu me voulais du mal ? Rien ou presque sur mon corps ne me disait que tu m’avais martyrisé. Je t’avais juste entraperçu prenant des photos de moi, moi qui étais dans les vapes, seulement quelques photos sans conséquence. Il n’y avait rien de vraiment concret pour déclencher une troisième guerre mondiale. Tu m’avais dit de ne pas m’inquiéter. Que tu maîtrisais la situation. Que ce que j’avais pris et bu était sans risque. Je voulais te faire confiance.

Alors à quoi serviraient ces photos ? Fallait-il me démener à percer à jour tes petites cachotteries ? Que me procureraient tes révélations ? Je voulais juste, j’espérais juste que ces clichés ne soient pas balancés sur le Net et que l’affaire ne s’ébruite pas. Je me raisonnais en me disant que tu avais une notoriété à tenir, et que tu ne serais pas capable de me faire du mal en public. Tu n’étais pas du genre à faire cela. Je me disais que tu n’étais pas sadique à ce point. Que ces photos étaient seulement une preuve de notre amour décadent, et que tu les garderais sous ton oreiller, afin de penser à moi avant de t’endormir, comme moi j’avais gardé le beau cliché du bleu que tu m’avais fait. Et puis, c’était drôle de s’imaginer la réaction de ton ex en la découvrant là où vous veniez juste de baiser. Je souriais à la vision d’horreur de ton favori en me voyant si bien mis en valeur, petite photo sournoise, et qu’une dispute entre vous éclaterait à cause de moi.

Il y avait aussi cette façon singulière de m’appeler en pleine nuit, pour passer du bon temps. Il ne fallait pas éventrer la belle confiance, il ne fallait pas dériver et accepter tout de suite tes exigences. Pas question de tergiverser. Je n’étais pas du genre à refuser. Et puis, j’avais la crainte d’une voix perçante ou d’une confiance au compte-gouttes. J’étais un môme face à toi, mon hydre nourrisseur, mon ogre terrifiant. Bien sûr, quand tu ne m’appelais pas pendant des jours, je me rongeais les sangs, je cherchais à savoir avec qui tu passais ton temps. Je me demandais si tu allais me couper les vivres, je craignais que tu ne t’intéresses plus à moi. Que je ne sois plus le joli joujou qui comblait ton vide. Il était imprudent de ma part de vouloir te retrouver, t’épier chez toi ou à ton boulot avec ce fameux Reda que je haïssais. Lui te voyait, t’admirait, tu étais le nombril de son monde, j’imaginais vos galipettes acrobatiques, vos gémissements entremêlés, bruts, intensifs, incisifs. Je me faisais du mal en imaginant vos séances photos, car oui, je pensais que ce que j’avais vécu avec toi, tu le faisais vivre à quelqu’un d’autre.

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