Zizi cabane by Bérengère Cournut

Zizi cabane by Bérengère Cournut

Auteur:Bérengère Cournut [Cournut, Bérengère]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman fantastique, Conte(s), Enfance, Légende(s), Nature, Littérature française
Éditeur: Le Tripode
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


2

Aujourd’hui enfin, et en plein midi, je me joins à Chiffon et Zizi pour l’une de leurs expéditions. Et cette fois, c’est moi qui les guide. Je les mène, par le chemin de la chapelle, jusqu’au bord de la falaise.

En voyant le fleuve de si haut, Chiffon reste perplexe. Il sort une carte molle de sa poche et y apporte quelques corrections avec un bout de charbon. Je ne sais pas ce que traficote mon frère à longueur de journée sur ses loques barbouillées… J’ai du mal à savoir s’il y travaille sérieusement ou s’il fait semblant, pour amuser Zizi – qui, d’ailleurs, n’a pas l’air de rire. Tous les deux ont le même air absorbé en comparant le paysage et leur guenille.

Sans réfléchir, et pour les sortir de cette contemplation stupide, je leur annonce solennellement ma décision de quitter la maison. Aucune réaction. La nouvelle est-elle seulement parvenue à leurs cerveaux attardés ? Je suis si déçu que je remonte sur mon vélo et les entraîne brusquement sur le chemin du retour.

Le soir venu, avant de filer dans ma chambre, je les embrasse tous – sans qu’aucun ne s’en étonne. Là-haut, je prépare un petit barda, je prends tout l’argent que j’ai, et pioche dans les tirelires de Chiffon et de Zizi. Comme je pars travailler, je pourrai les rembourser.

À minuit, tout est calme – même Marcel a trouvé le sommeil, ses ronflements résonnent à travers le plancher du grenier. Mon sac est assez gros, j’ai hissé un duvet au-dessus, et quelques gamelles – celles dont on se sert parfois quand on va camper. Je tâche de descendre l’escalier extérieur sans faire craquer les marches et enfourche mon vélo sitôt le porche passé. Les premiers coups de pédale sont rudes car, avec tout ça, je suis lourd. Je passe devant notre vieille maison sans m’arrêter. Je me demande si ce n’est pas elle que je fuis en premier. Je voudrais que Ferment en finisse, qu’il l’abatte à coups de masse – et qu’on n’en parle plus.

Puis, très vite, grâce au vent de la descente sur mon visage, mon cœur se desserre, mes pensées se relâchent. Je me vois déjà filer directement au fleuve. Mais arrivé en bas du village, quelque chose me fait brusquement changer d’avis, le vol d’une chauve-souris peut-être – rapide, léger, habile. J’abandonne mon vélo dans un fossé et je continue la route à pied.

Toute la nuit, je marche. Près du ruisseau, à travers les fourrés. Pourquoi se presser ?

Quand le jour se lève, j’ose à peine y croire : tout est si nouveau, même si près de chez nous. Je suis encore le cours du ruisseau, qui un peu après se jette dans une rivière… C’est la Vaucouleurs, je la reconnais. J’ai soudain envie de pêcher, de songer, de flâner.



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