La vie est un roman (Calmann-Lévy, 26 mai) by Musso Guillaume

La vie est un roman (Calmann-Lévy, 26 mai) by Musso Guillaume

Auteur:Musso, Guillaume [Musso, Guillaume]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Calmann-Lévy
Publié: 2020-04-20T07:07:59+00:00


3.

Dans le ciel dégagé, on distinguait la silhouette de la colonne de Juillet qui se dressait au loin. Boulevard Morland, je dépassai le bâtiment de la Bibliothèque nationale de France pour prendre la rue Mornay jusqu’à l’un des endroits les plus insolites de Paris : le bassin de l’Arsenal, un petit port de plaisance qui reliait la Seine au canal Saint-Martin. C’était là qu’était venue s’installer Almine lorsqu’elle avait quitté le domicile conjugal.

Le long des berges se succédaient des dizaines d’embarcations de toutes tailles, de la péniche au voilier en passant par le vieux berrichon retapé ou le tjalk hollandais.

J’étais sur la passerelle métallique qui enjambait le bassin lorsque j’aperçus Almine de l’autre côté du quai, non loin de l’escalier en pierre qui rejoignait le boulevard de la Bastille. Je criai pour me signaler et courus dans sa direction.

— Salut, Almine.

Je fus accueilli par le visage même de la colère :

— Qu’est-ce que tu fous là, Romain ? Tu sais très bien que tu n’as pas le droit de m’approcher.

Elle dégaina son téléphone pour me filmer. Une nouvelle preuve contre moi dans le procès à venir. Stoïque, je la détaillai. Elle avait poursuivi sa transformation physique : tête rasée, silhouette amaigrie, veste de camouflage, des piercings partout. Elle portait un sac de marin et un nouveau tatouage sur le cou.

— Tu vas prendre cher, me prévint-elle, après avoir coupé le film.

J’étais sûr qu’elle l’avait envoyé illico par messagerie au cabinet franco-américain Wexler et Delamico qui défendait ses intérêts.

Des avocats redoutables qu’elle avait connus grâce à… moi.

— Tu vas gare de Lyon ? demandai-je en pointant le balluchon.

— Je vais rejoindre Zoé à Lausanne, mais ça ne te regarde pas.

À présent que j’étais plus près, je déchiffrais la phrase qu’elle s’était fait tatouer : le mot de Victor Hugo préféré des anars. Police partout, justice nulle part.

Je me mis dans sa roue.

— J’aimerais qu’on ait une conversation normale, Almine.

— Je n’ai rien à te dire.

— Je ne suis pas ton ennemi.

— Alors, dégage.

Arrivée en haut des marches, elle traversa le boulevard pour s’engager dans la rue de Bercy.

— Trouvons une solution à l’amiable. Tu ne peux pas me priver de mon fils.

— Il faut croire que si. D’ailleurs, pour ton information, je vais l’emmener aux États-Unis.

— Tu sais bien que ce n’est souhaitable pour personne. Ni pour lui, ni pour toi, ni pour moi.

Elle marchait d’un pas rapide en m’ignorant. Je m’accrochai :

— Tu as l’intention de t’installer dans ce hameau à Ithaca ?

Elle ne chercha pas à nier :

— Nous allons l’élever toutes les deux avec Zoé. Théo sera très bien avec nous.

— Qu’est-ce que tu veux de moi, Almine ? Encore plus d’argent ?

Elle s’esclaffa :

— Tu n’as plus un radis, Romain. Je suis plus riche que toi.

Malheureusement, c’était exact. Elle continua son train d’enfer. Une vraie cadence militaire.

— Mais Théo est aussi mon fils.

— Juste parce que tu as mis ta bite en moi ?

— Non, parce que je l’ai élevé et parce que je l’aime.

— Théo n’est pas ton enfant.



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