Ma vie et moi by Henry Miller

Ma vie et moi by Henry Miller

Auteur:Henry Miller
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Bartillat
Publié: 2022-08-24T00:00:00+00:00


« Quand quelque chose tourne mal,

il faut changer le pire en meilleur. »

Soit dit en passant, j'utilise souvent l'éponge. Avec la gouache, c'est du meilleur effet, de temps à autre. Autre chose que j'aime beaucoup et où je réussis peut-être mieux, c'est quand je rate mon coup. D'habitude, il s'agit d'excellent papier que je n'ai pas envie de gâcher. Alors, j'emmène ma gouache à la piscine et je frotte tant que je peux. J'ai beau laver au maximum, il reste des traces. Ensuite, je retourne cette gouache délavée et je peins un sujet tout différent par-dessus. Tout l'effet vient du léger fond fourni par l'essai raté.

Il y a un aspect philosophique à cette sorte de technique, un élément dont les gens ne se rendent pas toujours compte, j'en ai peur. La seule grande force que nous ayons, c'est notre don de transmutation. Quand quelque chose tourne mal, il faut changer le pire en meilleur. C'est le cadeau que Dieu nous a fait, à mon avis, et c'est ce qu'il y a de plus extraordinaire dans l'univers : qu'on puisse le transformer. Il est ouvert à n'importe quelle transmutation. L'homme détient en lui un peu de cette puissance : celle de prendre ce qui est fichu et raté et d'en faire une nouvelle merveille.

Il arrive très souvent que je peigne deux formes humaines, et il est parfois difficile de distinguer laquelle est mâle, laquelle, femelle. Bien des fois, quand j'en ai terminé une, je me pose cette question du sexe. Peu importe. Je peins ce que je crois être une tête d'homme, et puis j'ajoute des seins, parce que peu m'importe à qui ils appartiennent. Il arrive que les seins soient tout aussi intéressants en eux-mêmes.

Je cherche constamment. Plus je considère l'œuvre de George Grosz, plus je m'étonne et m'émerveille de son emploi de la couleur, comme de son art de dessinateur. Il est capable de partir de grandes taches orange, noires, grises, etc., et de les marier avec des lignes qui s'entretissent avec une extrême dextérité. Pour moi c'est cela, la véritable habileté, la véritable science. Grosz était un maître. Ses premières œuvres étaient brutales, et voulues telles, comme une condamnation de la nation allemande, du peuple, du peuple entier, à perpétuité. Je ne pense pas que même Goya ait jamais fait aux Espagnols ce que Grosz a fait aux Allemands. Il les a marqués indélébilement. Ils sont damnés pour l'éternité dans sa peinture. Et, en même temps, quel festin de beauté, si atroce et brutal que soit le sujet !

Il n'y a pas de satire dans mes tableaux, mais j'use d'une diversité de symboles. Et je les répète, je le sais. Certains de ces symboles sont fréquemment récurrents. Par exemple, l'étoile de David — et si l'on me demande pourquoi, je ne saurai le dire. La lune revient aussi très souvent, demi-lune ou croissant. Cela, je pense, à cause de l'aspect décoratif. Mais je n'ai aucune raison d'utiliser tel ou tel symbole. De fait, je n'ai pas de raison de faire quoi que ce soit.



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