Tracks by Robyn Davidson

Tracks by Robyn Davidson

Auteur:Robyn Davidson [Davidson, Robyn]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Chronique, Voyage, Australie
ISBN: 2264023074
Éditeur: 10-18
Publié: 2013-03-09T16:00:00+00:00


7

Peu après avoir quitté Tempe, je traversai le lit d’une rivière. Le sable brillant coulait agréablement entre mes orteils. Puis je vis mes premières dunes. La région avait été ravagée par les feux de brousse la saison dernière, juste avant les grosses pluies. Les couleurs du paysage étaient d’un orange brillant, d’un noir de jais, d’un vert pâle. Qui a déjà entendu parler d’un tel désert ? Et, pour couronner le tout, le bleu éternel et dense d’un ciel sans nuages. Partout, des plantes toujours nouvelles, des traces que je n’avais pas encore remarquées, des parcelles de brousse brûlées, des produits comestibles du bush à trouver et à ramasser. Une région délicieuse mais fatigante. Le sable s’entassait sous mes pieds et la répétition des dunes finit par m’étourdir. L’immobilité de ces vagues de sable m’étouffait.

Depuis quelque temps, j’avais appris à vivre avec les mouches et ne cherchais même plus à les chasser lorsqu’elles se posaient autour de mes yeux par centaines. Les chameaux en étaient couverts et elles nous suivaient par milliers. Ces insectes sont toujours plus gênants en pays d’élevage. Les fourmis apparaissaient plus tard dans la journée, juste avant que les moustiques ne prennent la relève des mouches. Ces horribles créatures escaladaient mon pantalon pendant que je buvais une tasse de thé bien méritée. Bien sûr, cela dépendait de l’endroit où j’établissais mon camp et j’appris très vite à m’installer loin des plaques de glaise. Les épines constituaient l’autre difficulté lors de l’établissement du camp. Les pays secs ont une grande variété de piquants : les petits velus qui se prennent dans les couvertures, chandails et couvertures des chameaux, les durs et les coriaces qui s’incrustent dans les coussinets plantaires des chiens et les monstres qui se plantent dans la peau comme des clous.

Il me restait encore à peu près deux semaines de voyage avant d’atteindre Ayers Rock et je n’étais pas pressée d’arriver. Rick m’y attendrait pour me remettre les pieds sur terre. Ce roc n’avait rien de vierge et des bus entiers de touristes l’assaillaient en permanence. Aux abords de Wallera Ranch, à deux jours de marche de Tempe, les touristes commençaient déjà à me rendre folle. Dans des voitures surchargées, ils venaient en masse pour découvrir les merveilles naturelles de l’Australie. Ils étaient munis d’émetteurs-récepteurs, de treuils, de drôles de chapeaux, de bouteilles de bière et de sacs en cuir ornés d’émeus, de kangourous et de femmes nues. Le tout pour voyager sur l’une des routes les plus sûres. Ils avaient aussi des caméras et des appareils photo. J’ai souvent pensé que les touristes se chargent d’appareils parce qu’ils se sentent gênés d’être en vacances et veulent donner l’impression de s’occuper. De toute façon, ils peuvent bien être parfaitement agréables dans la vie de tous les jours, dès qu’ils coiffent leur chapeau et se transforment en touristes, ils deviennent les personnes les plus mal élevées, bruyantes, insensibles qui soient ; des bons à rien, sauf à laisser traîner leurs détritus.

Je dois marquer la nuance entre voyageurs et touristes.



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