La Bretagne au coeur by POIVRE D'ARVOR Patrick

La Bretagne au coeur by POIVRE D'ARVOR Patrick

Auteur:POIVRE D'ARVOR Patrick
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions du Rocher
Publié: 2020-09-18T00:00:00+00:00


La Bretagne en 24 images/seconde

Souvent, mes échappées belles en Bretagne me font penser à des films. J’ai l’impression d’avancer en caméra subjective, sensible à chaque frôlement du vent, rayon de soleil ou goutte de pluie. Ici, pour reprendre le bon mot d’Olivier de Kersauson qu’il me plaît de citer, « il ne pleut que sur les cons ! » Même si je préfère répéter que, chez nous, « il fait beau plusieurs fois par jour ». Il n’est pas étonnant que la Bretagne m’évoque une vie en 24 images-secondes. Les cinéastes ont toujours aimé les paysages de ce pays. Quelle que soit la saison, ils y trouvent inspiration et couleurs, de la terre et du ciel, que leur caméra pourra saisir, tel un papillon dans le filet de Nabokov.

Le premier à avoir célébré en images la Bretagne, et surtout les Bretons, est Jean Epstein. Un cinéaste, un théoricien du 7e art, mais aussi un poète. J’ai eu la possibilité de visionner ses œuvres, en version restaurée. Jean Epstein filme avec une délicate et tendre pudeur sa région de cœur et d’adoption. Dans Finis terrae (1929), Tempestaire (1947), Chanson d’Ar-mor (1934) ou La Bretagne (1936), il montre avec grâce, la langue bretonne en écho, la beauté des paysages, la rudesse de la mer et la vie des habitants.

Parmi les réalisateurs précieux à mon cœur de cinéphile : Claude Chabrol, avec lequel j’ai eu souvent le plaisir de m’entretenir. Des conversations qui, à chaque fois, filaient bien vite vers la Bretagne. Une région que ce féru de Simenon aimait, évocatrice de tant de souvenirs d’enfance et de balades gastro- nomiques, au point de s’installer au Croisic pour les dernières années de sa vie. Là-bas, comme à son habitude, il n’en faisait qu’à son bon plaisir, savourant bonne chère et bon vin, notamment à la table du Lenigo. Une région qu’il a découverte en 1969, grâce à son ami et scénariste Paul Gégauff, alors qu’il allait tourner Que la bête meure. Un film qui m’a marqué et m’impressionne encore à chaque fois que je le revois. Un garagiste de Quimper, au volant d’une Mustang noire, sa belle-sœur en larmes et en robe d’été à ses côtés, renverse un bambin blond en ciré jaune, prend la fuite, beugle des horreurs. Cette intrigue dramatique, dans le roman adapté, se situait en Cornouaille anglaise, mais Chabrol a souhaité tourner à Quimper, Crozon, Morgat, Argol ou encore Camaret. Pour adapter Le Cheval d’orgueil de Pierre-Jakez Hélias, film qu’il dédie « au pays bigouden », il revient naturellement dans nos terres – à Landudec, Plonéour-Lanvern, Saint-Jean Trolimon – et regrette de ne pas avoir eu l’audace de tourner en langue bretonne. Ça aurait eu, en effet, de la tenue. Parmi ses autres longs-métrages tournés en Bretagne, sa très belle adaptation des Fantômes du chapelier, avec Charles Aznavour et Michel Serrault, donne à voir la Ville-Close à Concarneau. Un long-mé- trage pour lequel, en raison de météo clémente, le réalisateur a dû faire appel aux pompiers pour obtenir la pluie nécessaire.



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