Terminus Nord by Jérôme Leroy

Auteur:Jérôme Leroy [Leroy, Jérôme]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9791025103210
Éditeur: French Pulp Éditions
Publié: 2018-04-19T04:00:00+00:00

12

Stéphanie Faroux contre-attaque

Je me suis réveillé vers sept heures, étonnamment reposé. J’ai bu un bon litre de thé debout dans ma kitchenette puis j’ai lancé une machine pour mes fringues de la veille.

J’espérais que Faroux avait réussi son déménagement et surtout, qu’elle avait déjoué l’attentat.

J’ai choisi un pantalon de velours, un col roulé et une veste en tweed. J’avais des envies de me fringuer confortablement, old school. Cela me donnait l’illusion, ô combien fausse, de vivre dans un monde stable, sûr et bien ordonné. Civilisé, en un mot. Mais j’avais besoin de cette illusion.

J’ai allumé une petite radio et me suis calé sur France Info, à tout hasard. On parlait, à la fin du flash, d’un règlement de comptes entre truands qui aurait fait un mort, rue de Compiègne et se serait terminé par un début d’incendie. Les riverains n’avaient rien vu, à peine entendu le bruit d’une explosion.

Pas un mot sur Moscovici, pas un mot non plus sur le studio d’enregistrement pour les scènes de torture, façon snuff movies. Les flics, que ce soient ceux de Faroux ou les autres n’avaient pas plus intérêt que ça à donner des détails.

J’étais rassuré dans un sens : Mansour et moi restions hors champ. Pas un mot non plus sur un éventuel attentat.

J’ai éteint France Info. Je me suis assis les pieds sur mon bureau, le mug de thé fumant en main, à songer vaguement à Antonin Juillet. Il n’avait pas l’air inquiet, dans ses messages. Mais il n’avait jamais l’air inquiet, même quand ça castagnait fort. C’était un doux, Antonin…

Ses SMS insistaient juste pour qu’on se voie, c’était tout. À la limite, c’était leur nombre qui aurait pu me mettre la puce à l’oreille. Quatre. Ce n’était pas son genre. Quelque chose devait le travailler, quand même.

À 8 h 30, en avance sur son horaire officiel, Kardiatou est arrivée. Élégante, dans un tailleur de working girl stylée, mais le visage tendu et le regard interrogatif.

Tout naturellement, et la chose m’a troublé, plutôt qu’un bonjour habituel, elle m’a serré contre elle.

— Nestor, je suis tellement contente de vous voir.

Il y a eu son odeur de gingembre, j’ai caressé ses dreadlocks impeccables et si je ne m’étais pas retenu, j’aurais embrassé ses lèvres pleines, ses paupières, son front. Et on se serait retrouvés je ne sais pas où. Ce n’était pas la chose à faire ou alors c’était la seule. Laisser toute cette violence, revendre Fiatlux.com, aller vivre tous les deux dans une communauté affinitaire.

Voilà que je recommençais avec le Limousin, et puis les rêves hippies de maman. De toute façon, ce n’était pas possible. Rien ne disait qu’elle serait d’accord et dans la situation dans laquelle on se trouvait, ça aurait été le pire moment pour lâcher l’affaire.

J’ai raconté à Miss K les événements de soirée et de la nuit dernière qu’on avait traversés, avec Mansour. J’ai atténué les contours les plus vomitifs. Pas pour l’épargner : en matière de courage et de force de caractère, Kardiatou pouvait en remontrer à pas mal de monde.

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