Playlist by Sebastian Fitzek

Playlist by Sebastian Fitzek

Auteur:Sebastian Fitzek [Fitzek, Sebastian]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Littérature allemande
Éditeur: L'Archipel
Publié: 2023-04-15T00:00:00+00:00


38

Alexander Zorbach

Manifestement, Olaf Norweg était un bon élève.

Le lycée privé de Grunewald qu’il fréquentait comme Feline acceptait des élèves ayant soit de bonnes notes, soit des parents riches. Et rien n’indiquait que les Norweg aient un compte en banque bien fourni. Surtout pas leur adresse.

La barre de logements sociaux de la Pallasstraße, à Schöneberg, avait été rendue célèbre à Berlin et dans toute l’Allemagne par de nombreux documentaires sur les « quartiers sensibles » traitant au choix de violence domestique, de déchéance urbaine ou de consommation de drogue. On n’y comptait plus les interventions policières.

La mère d’Olaf ne faisait donc pas preuve d’une prudence exagérée en mettant la chaînette à sa porte avant de l’entrebâiller.

— Oui ? dit-elle d’une voix enrouée.

— Bonjour. Je vous prie de nous excuser de vous déranger si tôt, dis-je avant de nous présenter. Nous enquêtons à la demande d’Emilia Jagow. Vous savez sans doute que sa fille, Feline, a disparu ; nous aimerions parler à votre fils.

— Mon fils ?

— Oui, Olaf. Il est là ?

— C’est selon.

Elle nous referma la porte au nez. J’en fus plutôt surpris : elle paraissait fatiguée mais pas hostile. Puis je compris qu’elle devait d’abord ôter la chaînette avant de nous ouvrir pour de bon.

— Feline Jagow ? demanda-t-elle en se frottant les yeux.

Mme Norweg semblait avoir dormi dans sa robe de lin noir, presque aussi fripée que son visage. Nous n’avions guère meilleure mine, n’ayant fait que somnoler quelques heures. Nous étions tous deux exténués. Alina était toutefois beaucoup plus présentable que moi, avec ses lunettes qui cachaient ses cernes et sa perruque courte bien coiffée. Pour ma part, j’étais hirsute.

— Pourrions-nous poser une ou deux questions à Olaf ?

— Je crains qu’il ne puisse rien vous dire, répondit sa mère à Alina.

— Est-ce que vous nous permettez au moins d’essayer ? insistai-je.

Mme Norweg évita mon regard.

— Bien sûr.

Elle nous pria de la suivre, et Alina prit ma main pour que je la guide sur ce terrain inconnu.

Le petit logement carré, avec une minuscule entrée qui desservait trois pièces et la cuisine, était bien rangé mais n’avait rien de la stérilité du bungalow des Jagow. Des effets personnels étaient visibles partout, et notamment des photos de famille aux murs. On n’y voyait que la mère et le fils, jamais le père ; sans doute Mme Norweg était-elle célibataire, voire veuve. La plupart des clichés avaient été pris en vacances. La mère d’Olaf y paraissait nettement plus détendue qu’aujourd’hui, bronzée, souriante, le regard vif. Tout l’inverse de l’aura d’ado mélancolique d’Olaf, qui ne regardait presque jamais l’objectif et affichait un air boudeur.

— Je n’ai rien à vous offrir, je n’attendais pas de visite, s’excusa-t-elle en entrant dans le salon.

— Olaf dort ? s’enquit Alina.

— Oui, on peut dire ça.

Mme Norweg désigna une étagère, sur sa droite. Je cherchai vainement des yeux une porte menant à la chambre d’Olaf avant d’enfin comprendre ce qu’elle nous montrait vraiment.

Oh non.

Je me plaquai une main sur la bouche en un geste d’embarras.

— Mon Dieu, nous ignorions… Nous sommes profondément désolés.



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