Portrait d'une inconnue by Daniel Silva

Auteur:Daniel Silva [Silva, Daniel]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature américaine, Policier, Thriller, Peinture
Éditeur: Harper Collins
Publié: 2023-05-13T07:10:37+00:00

À l’exception notable du puissant directeur de la galerie des Offices à Florence, qui trouva à tout le moins suspecte la soudaine apparition de trois vieux maîtres italiens. Il appela le général Ferrari de l’Art Squad et exigea une enquête immédiate. Il ne faisait aucun doute, cria-t-il dans son téléphone, que les toiles avaient été sorties illégalement d’Italie en violation du Code de l’héritage culturel. Le général promit d’approfondir la question, tout en croisant les doigts dans son dos. Évidemment il n’informa pas le directeur que les tableaux incriminés étaient toutes des contrefaçons modernes que lui-même exploitait en collaboration avec le faussaire.

Le mandataire fantôme dudit faussaire – un collectionneur et vendeur occasionnel qui se faisait appeler Alessandro Calvi – vivait ces temps-ci dans un appartement rempli d’œuvres d’art à portée de vue de la galerie des Offices, sur le Lungarno Torrigiani. En l’occurrence, le général Ferrari eut l’occasion d’appeler ce personnage peu recommandable deux jours plus tard, pour tout à fait autre chose. C’était à propos d’une information que le faussaire avait reçue d’un informateur bien placé à Paris, un voleur d’art et marchand d’antiquités appelé Maurice Durand.

— Galerie Konrad Hassler. Elle est située sur le Kurfürstendamm, à Berlin. Il y a un café sur le trottoir opposé. Ton associé t’y retrouvera demain à 15 heures.

C’est ainsi que le mandataire fantôme, en réalité le capitano Luca Rossetti, quitta son luxueux appartement sur l’Arno tôt le lendemain matin et prit un taxi jusqu’à l’aéroport de Florence. Il portait un costume sur mesure italien neuf et onéreux, tout comme l’étaient ses chaussures cousues main et son attaché-case en cuir souple. Il avait au poignet une montre Patek Philippe. À l’instar de sa collection d’art et d’antiquités, elle provenait des pièces à conviction des carabinieri.

L’avion de Rossetti fit escale à Zurich, et il n’était pas loin de 15 heures quand il arriva au café sur le Kurfürstendamm. Gabriel était assis en terrasse, dans l’ombre tachetée d’un platane. Il commanda deux expressos à la serveuse dans un allemand rapide, avant de tendre une enveloppe kraft à Rossetti.

Elle contenait deux photos. La première montrait trois toiles sans cadre posées côte à côte contre le mur d’un atelier d’artiste – un Titien, un Tintoret et un Véronèse. La seconde était une image en haute résolution de Danaé et la pluie d’or, prétendument d’Orazio Gentileschi. Rossetti connaissait bien cette œuvre. Pour l’heure, elle était accrochée au mur de son appartement florentin.

— À quelle heure m’attend-il ?

— 15 h 30. Il croit que vous vous appelez Giovanni Rinaldi et que vous êtes de Milan.

— Comment voulez-vous que je m’y prenne ?

— Je voudrais que vous proposiez à Herr Hassler une chance unique d’acquérir un chef-d’œuvre perdu. Et que vous ne fassiez aucun mystère du fait que vous êtes la source des trois tableaux qui ont refait surface à Londres.

— Je lui dis que ce sont des faux ?

— Vous n’aurez pas à le faire. Il le comprendra quand il verra les photos.

— Pourquoi est-ce que je viens le

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