Te souviens-tu de Souliko'o ? - T1 by Failler Jean

Auteur:Failler, Jean [Failler, Jean]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Polar régional
Publié: 2007-02-22T23:00:00+00:00

Chapitre XI

Où Mary Lester en apprend plus long sur les mauvaises manières de Jules Vanco et de certains autres citoyens de Trébeurnou.

— C’est une longue histoire, dit la maire d’un ton las. Êtes-vous sûre de vouloir l’entendre ?

Mary sourit :

— On peut essayer… Je suis bien assise, il y a du soleil, des gâteaux, du café et si quelqu’un vient, les chiens nous en aviseront. Monette m’a touché deux mots de ce qui se passait, mais deux mots seulement. Alors je vous repose la question : comment se fait-il qu’une commune rurale qui a tout pour être paisible soit soudain devenue une telle pétaudière ?

— Soudain ? s’exclama Sonia, pas si soudain que ça ! Pour comprendre comment la situation a commencé à se dégrader, il nous faut retourner une quinzaine d’années en arrière. À cette époque, le maire qui était en poste depuis la fin de la guerre, Louis Durand, décède après quarante-six années de mandats.

— C’était la stabilité, alors !

— Oui, les gens étaient très attachés à ce vieil homme sage qui tenait une ferme au lieu-dit Ker Kazeg. Tout naturellement, pour le remplacer, ils ont élu son fils, Corentin.

— Et ils ont été déçus ?

— Pas du tout ! Corentin avait hérité de la sagesse et de la bonhomie de son père, en outre il avait fait carrière comme chef de travaux aux services de l’Équipement à Saint-Brieuc. Ce Corentin Durand n’avait qu’un tort : politiquement il n’était pas du bon bord.

— Et c’était quoi le bon bord ?

— Celui du maire de Kersentic-sur-Mer, la commune voisine. Gatien Martineau, puisque c’est de lui qu’il s’agit, s’est senti pousser des ailes lorsqu’il a été – quelques semaines – sous-secrétaire d’état au tourisme. Le brave Corentin Durand n’étant pas de son bord politique, il s’est mis en tête de le déstabiliser pour se faire mousser auprès des hautes instances de son parti. Pour virer Durand, il ne fallait pas compter sur les électeurs qui – de quelque bord qu’ils fussent – étaient très satisfaits de leur maire. Il fallait donc qu’ils aient des raisons d’être mécontents. Pour cela, pas de meilleure méthode que d’introduire un cheval de Troie dans la place. Et ce cheval de Troie fut…

— Jules Vanco, compléta Mary. Ça va, je commence à comprendre. Comment votre Gatien machin a-t-il fait pour connaître ce sinistre individu ?

Sonia sourit :

— Gatien Martineau, précisa Sonia. Monsieur le vice-président du conseil régional serait très fâché de vous entendre le traiter de « machin ».

« Tu parles si je m’en tape ! », pensa Mary tout bas.

— Vanco ou Van Korkelien a un frère ou un demi-frère, je ne sais pas exactement leur degré de parenté et d’ailleurs, ça ne m’intéresse pas, ajouta Sonia. Mais ceci a tout de même son importance car ce parent occupe une fonction aussi occulte qu’influente à la commission d’agriculture de Bruxelles. Et il a fait ses études avec Gatien Martineau.

Mary opina du chef :

— Je vois…

Les Van Korkelien sont connus comme une famille honorable aux Pays-Bas.

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