Somb by Max MONNEHAY

Auteur:Max MONNEHAY [MONNEHAY, Max]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier/Thriller/Suspense
Éditeur: Le Seuil
Publié: 2020-01-29T14:05:42+00:00

J’ouvris péniblement un œil. Les murs de la chambre tanguaient dangereusement. Je mis quelques secondes à comprendre d’où venait l’infernale cacophonie, me redressai sur le lit et débusquai mon téléphone, inhumé sous une révolution de draps humides.

« Allô ?

– Victor ! Ils ont emmené Papa !

– Maddie, calme-toi. De qui tu parles ? Des flics ?

– Mais bien sûr que je parle des flics ! Ils ont déboulé à sept heures sans rien dire et ils l’ont embarqué ! Qu’est-ce qui se passe ?! » Elle étouffa un sanglot. « Ils l’ont arrêté, c’est ce que ça veut dire ? »

Je m’assis sur le bord du lit et me frottai le crâne du plat de la main. De longues formes noires et allongées dansaient sur ma cornée. Les reliquats du rêve épouvantable dont Maddie venait de m’extraire.

« Victor ! Réponds-moi, putain !

– J’en sais rien, Maddie ! criai-je. Excuse-moi, je… » Je pris une grande inspiration et rassemblai mes idées. « Écoute, je m’habille et je file au commissariat. Dès que j’en sais plus, je t’appelle, je te le promets. » Je me mis debout, vacillant un instant sur mes appuis. « Essaie de ne pas trop t’inquiéter, d’accord ? Ça ne veut peut-être pas dire grand-chose. »

Mais je mentais. Ce que ça voulait dire, c’était que Jonas était dans une merde noire. Je fonçai aux toilettes pour y vomir une bile blanche, acide. La douleur que j’avais une fois encore anesthésiée au whisky refaisait surface, plus virulente, plus agressive. Comme un fauve qu’on a blessé avant de l’endormir, et qui soudain se réveille face à ses agresseurs.

Après une douche rapide – une minute d’eau brûlante suivie d’une minute d’eau glacée – et un bain de bouche façon décapage, j’enfilai un jean, une chemise blanche et un pull bleu foncé en laine mérinos. Il était huit heures passées. J’allai frapper à la porte de la chambre d’ami. Hésitai un moment, puis frappai plus fort. Toujours rien. Je baissai la poignée et poussai doucement la porte. La chambre était vide. Le sac de Marcus était posé au pied du lit, fait au carré. Je fis le tour de la maison mais ne trouvai pas trace de lui.

Mes souvenirs de la veille étaient nets jusqu’à dix-neuf, peut-être vingt heures. Nous avions commencé la journée par une longue balade sur la côte. Le temps était chargé, et le ciel saturé de cumulo-nimbus gris et bas coulait une couche de plomb fondu sur l’océan. Le monde semblait avoir évacué toutes ses couleurs. Le vent violent contre lequel il fallait lutter donnait aux rares promeneurs l’air de tirer de lourdes charges. Le sourire de Marcus, le froid mordant et les embruns qui nous giflaient rapprochèrent, le temps d’une heure ou deux, les bords de ma blessure.

Nous avions déjeuné, puis j’avais laissé Marcus devant l’écran plat du salon et un abonnement tout neuf à Netflix.

J’avais décidé de rechercher, sur Internet, des informations sur Édouard Foubert. D’après ce que je savais, il avait trempé dans un certain nombre d’affaires de corruption durant son mandat de maire.

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