Sociologie de l'action publique by Hassenteufel

Sociologie de l'action publique by Hassenteufel

Auteur:Hassenteufel
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Armand Colin


Genieys et Hassenteufel, 2001 ; Genieys, 2005.

Si les grands corps sectoriels font preuve d’une forte capacité d’adaptation aux transformations de l’action publique, il n’en reste pas moins que ces évolutions ont complexifié les rapports entre administration et politique qui ne peuvent pas se réduire au simple contrôle d’une catégorie d’acteurs de l’action publique sur l’autre. En fin de compte, ce sont plus les interdépendances qui sont notables. Elles peuvent être appréhendées à l’aide de la notion de « politisation fonctionnelle ».

Dans le cadre d’une étude portant sur les hauts fonctionnaires allemands depuis 1970, Renate Mayntz et Hans Ulrich Derlien (1989) distinguent deux modalités de politisation : la politisation partisane et la politisation fonctionnelle. La première renvoie à l’appartenance à un parti politique et plus généralement à la proximité partisane, la seconde à la prise en compte de la dimension politique de leurs activités, c’est-à-dire les enjeux de pouvoir, les conflits et les contraintes politiques pesant sur les politiques publiques. La politisation fonctionnelle se traduit aussi par le fait que les compétences politiques sont considérées par les hauts fonctionnaires comme une condition nécessaire à l’occupation de postes élevés de responsabilité administrative. Surtout, cette politisation fonctionnelle « implique une plus grande sensibilité des hauts fonctionnaires à la prise en compte de la faisabilité politique et entraîne une sorte d’autocontrôle politique des hauts fonctionnaires sous la forme de l’anticipation des réactions du gouvernement et du Parlement dans leurs propositions de mesures de politiques publiques et de textes législatifs » (p. 402). Cette forme de politisation, loin d’être spécifique à l’Allemagne, détermine fortement la capacité d’action publique des hauts fonctionnaires. Elle les conduit à intégrer l’ensemble des enjeux, y compris politiques (et pas seulement juridiques, techniques ou financiers) d’une politique publique afin de permettre une prise en compte par le pouvoir politique de leurs propositions. Ainsi, dans les directions administratives les plus puissantes (comme la direction du Trésor en France),

« les hauts fonctionnaires comprennent la logique du politique au double sens du terme puisque, cum-prehendere, ils la prennent avec eux, l’insèrent dès l’amont de la décision, l’intègrent dans leur réflexion préparatoire et sont ainsi en mesure d’aller jusqu’au bout de cette préparation, car ce qu’ils produisent n’est pas un exposé d’hypothèses, un avant-projet technicien à retravailler par le cabinet mais « le produit final » qui sort des services en bonne et due forme décisionnelle en ayant « intégré tous les paramètres » administratifs – aspects techniques, juridiques, financiers, procéduraux, etc. – et politiques – depuis la mise en cohérence avec la « politique générale du gouvernement » jusqu’aux aspects de « politique politicienne » liés aux équilibres internes à la majorité en passant par l’organisation de la couverture médiatique, les anticipations quant aux répercussions sur la cote de popularité du Premier ministre ou encore les effets possibles sur la « crédibilité » de la France dans le monde. Par ce travail, les hauts fonctionnaires exercent un rôle objectivement pré- ou quasi politique ».

Eymeri, 2003, p. 73.



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