Être soldat by Cochet

Être soldat by Cochet

Auteur:Cochet
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Armand Colin
Publié: 2013-04-14T16:00:00+00:00


Les craintes

La vie en campagne est faite de la crainte constante d’être pris à partie par l’adversaire par son feu et sa menace.

Les signes avant-coureurs du combat font partie de la société militaire qui connaît bien les rumeurs et les « bobards ». Durant la Grande Guerre, la nouvelle des attaques, réelles ou imaginées, est largement commentée dans des lieux incontournables de la sociabilité des soldats, cuisines roulantes, centraux téléphoniques ou feuillées. C’est là que sont commentées les informations plus ou moins fiables qui alimentent tous les fantasmes des soldats. Se voir conseiller par le cadre de contact de mettre ses affaires en ordre ou d’écrire un mot à la famille n’est jamais bon signe. La réception de rations supplémentaires, notamment en alcool, précède souvent l’annonce par le lieutenant commandant la section de l’heure de l’attaque. En Indochine ou en Algérie, le commandement de passer du chapeau de brousse au casque lourd, auquel est attaché le paquet de pansements, laisse présager la proximité de l’épreuve du combat.

Puis c’est l’assaut ou l’attaque de l’adversaire qu’il faut repousser. Dans le cœur du combat, les réflexes acquis dans l’apprentissage militaire jouent à plein. Gestes sans cesse répétés dans la cour de la caserne, qui deviennent gages de survie sur le champ de bataille, dans le maniement de l’arme, dans la recherche du meilleur angle de tir, dans les façons de se protéger. Dans le feu de l’action, il n’est guère de place pour la réflexion, car tout s’enchaîne très vite, favorisant l’arc-réflexe plutôt que la distanciation.

La dimension anxiogène du champ de bataille n’est pourtant pas constituée seulement du combat. Il est des moments où l’attente est plus angoissante que le combat.

Les deux guetteurs avancés dans un « petit poste » de la guerre des tranchées en 1915 ou en 1916, dont le poste d’observation est cinquante ou cent mètres en avant des lignes amies passent des heures bien angoissantes, avant d’être relevés par des camarades. La fonction des « petits postes » est, en effet, de servir de « sonnette » face à un éventuel coup de main nocturne de l’adversaire. Il faut avoir tous les sens en éveil durant plusieurs heures, afin d’entendre l’ennemi qui rampe éventuellement vers vous, une grenade à la main. Cette tension nerveuse extrême est totalement épuisante pour les soldats qui la vivent. Sous des formes variées, on la retrouve dans tous les conflits qui ont eu lieu depuis la Grande Guerre. Les combattants des avants de la ligne Maginot connaissent les mêmes angoisses durant la « drôle de guerre » de l’automne et de l’hiver 1939-1940, de la même manière que les combattants de la 1re Armée de Lattre, dans les difficiles combats des Vosges de la fin de l’année 1944. Les ouvertures de route, en Indochine comme en Algérie, sont toujours porteuses des mêmes angoisses. Que va-t-on trouver après le prochain virage ? Où l’ennemi a-t-il placé sa mine ou son engin explosif ?

Les guerres conventionnelles, notamment les deux guerres mondiales, ont vu les rythmes de



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