Mort sur le fil by Frédéric Lenormand

Mort sur le fil by Frédéric Lenormand

Auteur:Frédéric Lenormand [Lenormand, Frédéric]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier historique, Humour, Littérature française, Espionnage
Éditeur: Éditions De La Martinière
Publié: 2023-03-28T09:50:26+00:00


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Coup de froid dans la galerie des Glaces

Le Grand Prévôt de France était à sa Grande Prévôté, c’est-à-dire dans son appartement du château de Versailles. On l’avait logé là pour lui permettre de se rendre rapidement en tout point de la demeure royale. Il devait se tenir informé du moindre bruit, de la moindre rumeur, et maintenir l’ordre royal avec poigne de fer et gant de velours.

Le Grand Prévôt s’interrogeait. Comment la cambrioleuse avait-elle pu pénétrer dans la cave de Susquin du Pré sans forcer la serrure ? Simonette Dubois détenait au moins l’une de ces clés dont le propriétaire affirmait ne jamais se séparer. Comment se l’était-elle procurée ? Qu’était-elle venue faire là ? Pourquoi prendre la peine de se parer de ses plus beaux atours, de se mêler aux invités d’un bal masqué, pour finalement s’échapper d’une cave à vin comme une furie ? Qu’y avait-elle gagné ? À sa place, le marquis serait monté dans les étages vider quelques coffrets et faire main basse sur des bijoux. Pourtant, Susquin du Pré avait affirmé qu’il ne lui manquait rien. Il n’avait même pas l’air de s’en soucier, comme si l’éventualité d’un vol ne revêtait aucune importance. En revanche, l’intrusion dans une simple cave obscure le mettait aux abois. Rien de tout cela n’avait de sens.

Si l’intruse possédait une clé, ne possédait-elle pas aussi le reste du trousseau ? Dans ce cas, pourquoi descendre à la cave ? Il n’existait pas de bouteilles plus intéressantes à voler qu’une bourse d’écus sonnants et trébuchants.

De Sourches avait l’habitude des olibrius et des situations improbables, la vie à la Cour lui en fournissait à foison. Mais des énigmes comme celle-ci, jamais !

Susquin du Pré se souvenait toutefois s’être séparé de son trousseau à un moment : durant la fête au hameau de Trianon. Comment imaginer que ses clés aient été dupliquées là-bas, entre la bergerie et la laiterie ? Il n’existait pas de lieu plus sûr que le domaine de la reine. Le seul serrurier que l’on croisait au château venait enseigner son art au roi. Quel fou oserait soupçonner Sa Majesté de s’amuser à fabriquer de fausses clés aux dépens des invités de sa femme ? Et comment ces clés seraient-elles tombées aux mains d’une fille publique repérable à vingt lieues ?

Le marquis se demanda si cette affaire n’était pas en réalité un complot contre lui-même, pour le faire tourner en bourrique en le forçant à ressasser des hypothèses plus absurdes les unes que les autres. Et pourquoi ne pas soupçonner la reine d’avoir prêté la main à l’opération, tant qu’il y était !

Un nom était revenu plusieurs fois au cours de ces entretiens. Susquin du Pré et M. de Duras, le cambriolé à l’orteil desséché, avaient tous deux mentionné le comte de Saint-Renard. De Sourches devait interroger ce jeune homme, et savait exactement où le trouver.



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