Magnificat by François-Henri Soulié

Magnificat by François-Henri Soulié

Auteur:François-Henri Soulié [Soulié, François-Henri]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier historique, Littérature française, Occitanie, Cathares
ISBN: 9782823881417
Éditeur: 12-21
Publié: 2021-09-02T07:47:31+00:00


1. Tierce : la neuvième heure du jour.

Chapitre 32

Guilhem de Malpas & Isaure

La leçon de musique

« Dieu ne peut pas tout ce qu’il peut. » Cette phrase sidérante, Aloïs se souvient de l’avoir entendue de la bouche du jeune Tierric. Du temps où ils vivaient tous ensemble dans la maison tisserande, Tierric était celui qui parlait des choses de la foi avec la plus grande pénétration d’esprit :

« Par exemple, poursuivait-il, Dieu peut transformer une souche en jeune veau, comme le croient les rustauds. Mais l’a-t-il jamais fait ? Certes non. »

L’idée que Dieu se retiendrait d’accomplir ce qui est en son pouvoir laisse Aloïs perplexe. Peut-être existe-t-il quelque part des veaux dont l’origine nous est inconnue ? Ou peut-être que Dieu n’a, en effet, rien à voir ni avec les veaux ni avec les souches, ni avec rien de ce qui touche au monde visible. C’est là ce que croient les Vrais Chrétiens. Pourtant ce dont Aloïs vient d’être témoin ressortit à cette catégorie de choses que l’on appelle un miracle.

Elles se tenaient toutes deux dans la bibliothèque, attendant le retour du chevalier Glumsson. La vicomtesse venait de lui donner l’ordre de ramener céans la fille de la pauvre Bertrande. Déjà, Aloïs avait eu, de la part d’Ermengarde, l’assurance que la petite ne retomberait jamais sous la coupe de son odieuse grand-mère.

— Nous donnerons à cette enfant l’éducation et l’instruction d’une fille de notre cour et nous la prendrons près de nous comme damoiselle de compagnie. Vous lui enseignerez la lecture.

C’était une bonne idée. Non qu’Aloïs fût lasse des folles chevauchées du sire Perceval ou de l’agonie du preux Roland crachant ses poumons dans le cor d’ivoire, mais elle arrivait à cet âge où rien ne la comblait autant que le silence et la méditation.

C’est alors que la porte s’était ouverte. Ce n’était pas le capitaine de la garde, comme l’on s’y attendait. C’était le miracle.

Guilhem était là, tenant par la main la jeune Isaure aux boucles d’or. La même blondeur auréolant leur visage, le même éclat de ciel reflété dans leurs prunelles d’eau.

Aloïs se souviendra jusqu’à son dernier souffle qu’à cet instant les chandelles ont pleuré des larmes de cire.

Le frère et la sœur s’avançaient vers les deux femmes, avec la paisible assurance des créatures d’un songe, ignorantes que quelqu’un est en train de les rêver. Ensemble, ils ont posé un genou sur le damier du carrelage et, dans les livres de parchemin alignés sur les étagères, preux chevaliers et princesses, enchanteurs et sorcières se sont agenouillés avec eux.

Avec ses yeux d’infini, Guilhem a regardé Aloïs puis Ermengarde. Toutes deux avaient déjà compris que ni la sœur ni le frère ne leur diraient merci, car ils étaient eux-mêmes – main dans la main – tous les chagrins de l’enfance à jamais consolés. Il n’existe pas de remerciements pour cela. Même les sorcières, les enchanteurs, les princesses et les preux chevaliers ignorent la formule.

Et puis Guilhem s’est mis à parler :

— Ma sœur ne s’appelle pas Isaure, car mère-grand l’a tuée.



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