Meurtre à la villa Sérénité by Michel Arlhac

Meurtre à la villa Sérénité by Michel Arlhac

Auteur:Michel Arlhac [Arlhac, Michel]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Littérature française, Humour
Éditeur: La Gauloise
Publié: 2021-03-11T00:00:00+00:00


9

Sœur Serenity avait déjà franchi la frontière italienne et roulait sur l’autostrade en direction de Gènes. C’était la route la plus longue, mais aussi la plus sûre, loin des contrôles des autoroutes françaises.

Elle avait avec elle les papiers d’identité de plusieurs femmes qui lui ressemblaient vaguement. Elle n’avait eu qu’à puiser dans les sacs à mains déposés dans les casiers du vestiaire. C’est sous le nom d’une de ces stagiaires qu’elle avait acheté, le matin même, la vieille Peugeot 405 diesel dans laquelle elle se trouvait. Le moteur était très bruyant, une fumée noire, visible grâce au clair de lune, sortait du pot d’échappement quand elle accélérait pour doubler un camion, mais c’était du solide. Elle était sûre d’arriver à destination. Et elle l’abandonnerait sans regret. Elle l’avait eue pour presque rien.

Elle pensa brusquement que la panne de courant avait dû mettre à l’arrêt les machines qui maintenaient en vie son mari, Saint John. Il n’était pas sûr qu’elles se soient remises en marche, une fois réalimentées. De toute façon, à l’heure qu’il était, il devait déjà avoir bénéficié d’une crémation gratuite.

Une économie non négligeable, pensa-t-elle. Et toujours in petto elle ajouta une courte oraison funèbre :

-Bon débarras.

Pas un instant elle n’eut une pensée pour son secrétaire, laissé pour mort au bas de l’escalier du sous-sol, ni pour les stagiaires qu’elle avait condamnés à un suicide collectif, spectaculaire, certes, mais quelque peu forcé.

Sa seule préoccupation était le déroulement de la prochaine étape, et l’organisation d’une fuite qui l’amènerait très loin. Une cassette dépassait de l’antique autoradio. Machinalement elle l’enfonça. La voix de Bashung envahit l’habitacle. Elle l’aimait beaucoup, même si elle ne comprenait pas toujours les paroles. Tout à coup ce fut Osez, osez Joséphine.

Elle y vit un signe des dieux. Ce ne pouvait être le hasard. On s’intéressait à elle, là-haut. Elle réussirait. Elle se mit à chanter, très fort et très faux.

Elle arrivait à Savone et prit la bretelle de gauche vers Turin et le Val d’Aoste.

***

Billy n’avait pu rester dans sa voiture. En proie à la plus grande angoisse, il s’était approché de la grille d’entrée du parc et la secouait vainement. Il s’attendait à entendre les sirènes de la police et des pompiers, mais l’avenue restait déserte.

En même temps il constatait les progrès que faisait l’incendie. Ce n’était plus seulement le sous-sol de la villa qui était en feu. Les flammes avaient atteint le rez-de-chaussée et on les voyait briller à travers les persiennes des grandes fenêtres provençales. Une épaisse fumée noire s’élevait dans le ciel nocturne. Bien que la villa fût isolée au milieu de son parc, les voisins devaient, eux aussi, constater le sinistre. Eux aussi devaient prévenir les pompiers. Pourtant aucun signe de leur arrivée prochaine.

Finalement il décida d’escalader le portail. Il était très haut, et pourvu, à son sommet, de piques acérées. Mais il ne pouvait pas abandonner sa directrice. Malgré le danger, il réussit à se hisser jusqu’au haut de la grille. Prudemment, il enjamba les pointes assassines et se laissa tomber à l’intérieur du parc.



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