Adèle Sharp 8 Condamné à Disparaître by Blake Pierce

Auteur:Blake Pierce [Pierce, Blake]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: UNKNOWN
Publié: 2021-07-18T22:00:00+00:00

CHAPITRE VINGT-ET-UN

De retour en France – si charmant. Elke Schmidt soupira de satisfaction tout en pédalant sur son vélo d’emprunt. Son habit était plié avec soin, rangé dans son sac à dos.

Elke roula des épaules. Il gravissait la colline, une légère grimace aux lèvres : les blessures sur ses omoplates étaient toujours ouvertes. Les élancements de douleur étaient agréables, il retroussa les lèvres, révélant ses dents.

L’homme qui s’appelait désormais Elke bifurqua dans une rue, observant Bordeaux au loin, retraçant la silhouette de la ville sur l’horizon, de la pierre et du verre, témoins inanimés de l’arrivée de l’instrument du châtiment.

Il emprunta une rue secondaire, dont le goudron était craquelé, entouré de bennes à poubelles, envahie par les odeurs d’ordure et de moisissure. Il fronça le nez en freinant et gara le vélo derrière une grosse benne verte et bleue.

Il se mouvait avec précaution, en sentant la manière dont sa chemise rêche en toile de jute frottait contre ses blessures ouvertes. Un trajet en voiture aurait été plus confortable, plus arrangeant.

Mais Elke Schmidt n’avait pas de préférence pour les véhicules. Pour lui, la douleur était une vertu.

Une vertu qu’elle partagerait bien assez tôt.

Respirant lentement, Elke s’éloigna de la bicyclette en direction d’une ruelle. Il ignora l’odeur des poubelles, de la moisissure et de la saleté, préférant regarder droit devant lui, en direction de la route de l’ouest de la France, les yeux rivés sur l’immeuble qui lui faisait face.

Ses yeux s’illuminèrent tandis qu’il fixait l’endroit, s’arrêtant sur l’appartement du dernier étage.

Il ne discernait aucun mouvement.

Ce jugement en particulier serait difficile. Il avait été plus difficile de traquer les mouvements de la pécheresse – plus difficile d’analyser ses habitudes à une telle hauteur.

Mais un rictus narquois envahit son visage et il frappa durement le mur de pierre à côté de lui. Il glapit de douleur, sentant l’une de ses phalanges craquer sous la force du coup. Il leva sa main, les doigts tremblants, examinant ses phalanges. Il s’était arraché la peau contre le ciment. Un instant plus tard, du sang jaillit, glissant de sa main vers son poignet. Il sortit un mouchoir de sa poche et se banda la main avant de continuer à avancer dans l’allée.

Les rues étaient presque vides, en dehors d’une ou deux voitures. Ils se trouvaient bien loin du centre-ville animé. Ici, régnait une certaine tranquillité, un calme résidentiel.

Quoi qu’il en soit, il n’y avait pas de répit pour les braves.

Et la pécheresse serait jugée bien assez tôt.

Elke Schmidt posa son autre main sur ses phalanges blessées : des larmes de douleur lui emplirent les yeux.

Déjà trois jugements.

Tous exécutés avec succès.

Il n’avait pas besoin de reconnaissance pour celui-là. Ses habitudes lui étaient peut-être inconnues. Il n’avait peut-être pas pu établir son emploi du temps exact.

Cela n’avait aucune importance.

Le Grand Juge était de son côté. Ne l’avait-il pas déjà prouvé ? N’était-ce pas évident ?

Il acquiesça, hochant la tête puis traversant la rue, restant dans l’ombre, la tête basse.

Répéter un peu ne lui ferait pas de mal. Mais il ne pouvait attendre plus longtemps.

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