L'aventure américaine by Marianne Levy

Auteur:Marianne Levy [Levy, Marianne]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Romance
Éditeur: Numériklivre
Publié: 2015-10-19T22:00:00+00:00

11.54 - Capucine

Merci pour tout ! Je me sens pousser des ailes !! Capucine.

25

Un cosmopolitan, voilà ce dont j’avais besoin. Je connaissais des filles qui en buvaient régulièrement et menaient une existence de rêve. Même vue du 6e arrondissement. Et j’avais ultra besoin d’ondes positives. Ceux qui véhiculent l’idée que le succès est quelque chose de confortable devraient être enfermés. Ce sont des individus dangereux. Une fois au sommet chaque pas peut tout mettre en péril. Et quand on a réussi son ascension, l’idée même de tout recommencer relève du cauchemar. Peut-être que dans la Grèce antique, les gens étaient assez costauds pour affronter ce type de défi mais ça, c’était avant.

Avant que l’on puisse se faire livrer des sushis made in Tokyo juste à temps pour les déguster devant sa série préférée. Série que l’on pouvait choisir d’enregistrer pour essayer d'apprendre à skyper avec sa meilleure copine tout en se concentrant sur sa pedi dominicale. On ne saura jamais d’ailleurs si Sisyphe aurait eu la force morale de résister à une tentation pareille. Dommage. Moi, en tout cas, je serais incapable d’affronter la colère des dieux et de repartir à zéro. Il me fallait donc un cosmo.

Une heure avant mon rendez-vous, je descendis au bar de l’hôtel. Il y régnait une ambiance typique du sud de New York, qui n’était d'ailleurs pas sans rappeler Saint-Germain-des-Prés. Les murs étaient dissimulés par des livres et les filles par des tenues dernier cri. Absorbées par d’intenses échanges, elles paraissaient indifférentes à l’inconfort des fauteuils sur lesquels elles étaient installées. Depuis quand le confort était-il le but du design, de toute façon ?

Je repérai un tabouret libre au bar à côté d’une femme qui semblait captivée par ses dossiers. Je m’assis en lui offrant un sourire aimable. Elle ne prit pas la peine de me le retourner. Je commandai mon verre au barman.

— Un cosmo, vraiment ? commenta ma voisine sans lever le nez.

— Pardon ?

— Vous venez de commander un cosmo.

— Euh, oui, c’est dangereux à cette heure de la journée, vous trouvez ?

— Si vous vous fichez d’être prise pour une touriste, non.

Ma voisine savait piquer la curiosité. J’étais sur le point de lui répondre mais elle m’en découragea.

— Je n’ai pas le temps. J’ai un rendez-vous dans une demi-heure et j’ai besoin de calculer combien il peut me rapporter. Ici, à New York, l’argent vaut plus cher qu’ailleurs. 25 dollars juste pour un cosmo, imaginez le reste…

— Et vous faites quoi dans la vie ?

— Je suis spécialiste des relations publiques mais je n’ai vraiment pas le temps d’entrer dans les détails. Enjoy New York !

On ne dira jamais assez combien un photographe talentueux est aussi un escroc qui s’ignore. Jamais, je n’aurais reconnu Caroline Smith d’après la photo qu’elle avait jointe à son CV. Elle semblait plus vieille et, surtout, plus aigrie accoudée au bar du Chelsea Hotel. Il n’était pas envisageable que je travaille avec elle. Je demandai au barman de babysitter mon verre et me dirigeai vers

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