Maximilien Robespierre, histoire d'une solitude by GALLO Max

Maximilien Robespierre, histoire d'une solitude by GALLO Max

Auteur:GALLO, Max [GALLO, Max]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Biographie
Éditeur: Perrin
Publié: 1968-08-14T23:00:00+00:00


Réduit à ce moi déchiré.

Les Girondins donc et leurs alliés dominent la Convention. Les premiers scrutins leur permettent de se placer aux postes-clés de la Convention : mieux ou pire, ils accordent à un Feuillant un poste de secrétaire. Leur choix d’alliance avec la droite est clair. Cependant Maximilien se tait.

Danton, Couthon, Collot d’Herbois, Billaud-Varenne, Basire, Chabot agissent à la Convention, font adopter la République, mènent les premières escarmouches contre la Gironde, défendent Paris, protestent contre le projet de donner à la Convention une garde constituée par des hommes recrutés dans les 83 départements. C’est encore Billaud-Varenne, l’homme de tant d’initiatives, qui intervient le 24 septembre aux Jacobins contre les Girondins et, abandonnant la défensive, déclare : « Et qui sont ceux qui nous accusent ? Ce sont les hommes qui ont attiré cette guerre offensive ; ils nous accusent sans doute de leurs propres trahisons. »

Ces mots, Robespierre eût pu les prononcer. Mais il se tait. Prudence ? Fatigue ? Réflexion, observation de la nouvelle Assemblée ? Peut-être tout cela. Déception aussi devant cette Convention dont il avait espéré qu’elle différerait de la Législative. Or de Constituante en Législative, de Législative en Convention, la majorité ne change pas. Les ennemis reparaissent sous de nouveaux visages et il faut à Maximilien recommencer le combat.

Cette majorité girondine, ce climat si différent de celui qu’il espérait et qu’il avait fait triompher à Paris, ont dû le surprendre, le décourager. Alors il se tait. Ce silence montre que le ressort peut se détendre et l’abattement gagner l’incorruptible. Ce sont les autres Montagnards qui agissent, pied à pied, et qui proposent des mesures révolutionnaires. Robespierre se tait. Cependant le 25 septembre, nommément attaqué, accusé d’être le chef du « parti dont l’intention est d’établir la dictature », il se lève pour sa première intervention à la Convention.

Danton déjà, attaqué lui aussi, a habilement détourné l’assaut contre Jean-Paul Marat. « Assez et trop longtemps l’on m’a accusé d’être l’auteur des écrits de cet homme », dit-il méprisant, « mais n’accusons pas, pour quelques individus exagérés, une députation entière ». Puis, proposant la peine de mort pour ceux qui aspirent à la dictature ou au morcellement de la France, il a lancé un appel à l’union. La Convention l’applaudit avec enthousiasme.

Quand Maximilien monte à la tribune le ton change. Maximilien parle à nouveau de lui, de son action depuis le début de la Révolution. Maladroit, il ne peut que se mettre en avant. « Loin d’être un ambitieux, j’ai toujours combattu les ambitieux. » Les murmures de la Gironde et de la Plaine, cette masse hésitante de députés, s’accentuent. « Je sens qu’il est fâcheux pour moi d’être toujours interrompu… Je n’abdiquerai point », lance-t-il aux perturbateurs. Et il parle pendant plus d’une heure de lui, de ses sacrifices. Au discours d’habile parlementaire et de politique de Danton succède ainsi la longue apologie d’un Moi engagé dans l’action politique.

Quand Maximilien se laisse ainsi aller à parler de lui, quand on l’accuse personnellement, bref, quand le débat politique lui permet d’être au centre, il s’enfonce dans un monologue justificatif.



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