La grande revanche - Les Amérindiens à la reconquête de leur destin by Jean-Baptiste Mouttet & Julie Pacorel

La grande revanche - Les Amérindiens à la reconquête de leur destin by Jean-Baptiste Mouttet & Julie Pacorel

Auteur:Jean-Baptiste Mouttet & Julie Pacorel [Mouttet, Jean-Baptiste & Pacorel, Julie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: det_, culture, société, Anthropologie, Amérindien, Amérique latine, nouveaux
ISBN: 9782746731660
Éditeur: Autrement
Publié: 2013-01-10T23:00:00+00:00


Malentendus et quiproquos avec les ONG

Du fait de la grande pénétration des ONG en Amérique du Sud, notre peau blanche et nos traits européens ne provoquent pas toujours la surprise dans les tribus que nous visitons, même les plus isolées. Les Indiens que nous abordons ont, pour nombre d’entre eux, déjà rencontré des étrangers envoyés par des ONG pour les interroger, leur distribuer de la nourriture ou vivre avec eux quelques semaines ou quelques mois pour implanter un projet de développement. Le malentendu est alors presque systématique : « Vous êtes de quelle organisation ? Vous nous apportez quoi ? » sont les premières questions qui nous sont posées. Les premières fois, nous restons interloqués, puis nous rodons notre discours : nous ne sommes pas des humanitaires, mais des journalistes, et nous n’avons rien apporté, si ce n’est nos plumes pour retranscrire leur histoire. La déception et l’incompréhension se lisent sur le visage de notre interlocuteur. Souvent, le doute persiste lorsque nous commençons les interviews, car là encore nos questions ressemblent beaucoup à celles des interrogatoires des organisations. Du fait de ce quiproquo de départ, toutefois, nous obtenons un aperçu des relations entre ONG et Indiens. Les critiques fusent : « De toute façon, ils disent qu’ils nous aideront et ensuite on n’a plus de nouvelles pendant des mois », « On ne comprend pas bien pourquoi ils aident telle famille et pas telle autre »… Dans leur majorité, ces reproches révèlent avant tout un problème de communication, de compréhension entre associations et Indiens.

Au Paraguay, la communauté ava-guarani d’Akara survit dans un enchevêtrement de tôles et de fils de fer. Autrefois, se remémorent ses habitants, les enfants couraient au bord du fleuve, ce fleuve nourricier qui subvenait à tous leurs besoins. Emiliano Vera, le dirigeant de l’association des Ava-guarani de l’Alto Paraná, ne se départit jamais de son sourire jovial, sauf quand il aborde un sujet : les ONG. « Elles se moquent de nous, elles nous promettent beaucoup, mais les ressources ne nous parviennent jamais. » Nous comprenons que le quinquagénaire ne distingue pas forcément bien tous les acteurs qui lui rendent visite : « Il y a des ONG étrangères, des catholiques, des politiques, des ONG de l’État même ! »

Dans les communautés guarani de l’Alto Parapeti auxquelles nous avons déjà fait référence, en Bolivie, où des familles entières vivaient en esclavage jusqu’en 2008, nous voyons des traces du travail de la Croix-Rouge suisse : des photos d’« esclaves » notamment, estampillées du logo de l’ONG, affichées dans les locaux de l’Association du peuple guarani (APG). D’après le rapport de l’ONU sur l’Alto Parapeti, la Croix-Rouge a joué un rôle fondamental dans la dénonciation des situations d’esclavage d’hommes et femmes guarani45. En menant conjointement avec le ministère de la Justice bolivien une enquête de terrain sur les conditions de vie des Indiens dans les grandes haciendas, elle a permis de porter ces abus à la connaissance de l’Organisation internationale du travail (OIT), et de forcer ainsi les instances nationales à agir.



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