Le 4 septembre 1870 by Pierre CORNUT-GENTILLE

Le 4 septembre 1870 by Pierre CORNUT-GENTILLE

Auteur:Pierre CORNUT-GENTILLE [CORNUT-GENTILLE, Pierre]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Perrin
Publié: 2020-07-28T12:21:30+00:00


VIII

L’impératrice exfiltrée

* * *

Dimanche 4 septembre vers 16 heures

Tandis que Favre, à pied par la rive droite, et Gambetta, en fiacre par la rive gauche, cheminent vers l’Hôtel de Ville au milieu d’une foule en liesse, l’impératrice, entourée d’un petit groupe de fidèles, résiste encore à ceux qui la pressent de quitter le palais. Elle a déjeuné avec Ferdinand de Lesseps, quelques chambellans et dames d’honneur, l’amiral Jurien de La Gravière et Conti, le secrétaire de l’empereur. Pendant le repas, le duc de Montebello a demandé à Lesseps ce qu’il pensait de la situation. « Je pense, a répondu l’homme du canal de Suez, que c’est la dernière fois que vous déjeunez aux Tuileries. » Puis il a fallu constater que, si proche du théâtre des événements, le palais des Tuileries était coupé du monde. Aucune dépêche ne parvenait plus à l’impératrice. Plusieurs convives, dont Ferdinand de Lesseps, se sont rendus au Corps législatif pour s’informer. L’impératrice a demandé à l’un des chambellans, Lezay-Marnésia, de se rendre en hâte à la préfecture de police et de ramener Pietri, le préfet. Les ambassadeurs d’Autriche et d’Italie, le prince de Metternich et le chevalier Nigra, sont là. Les deux diplomates sont proches du couple impérial. La princesse de Metternich est même une intime d’Eugénie. Henri Chevreau et son frère Léon, directeur du personnel du ministère de l’Intérieur, ont également rejoint le palais, ainsi que Jérôme David et Busson-Billault, le ministre-président du Conseil d’Etat. Le ministre de l’Intérieur vient de recevoir une dépêche lui annonçant qu’à Lyon la république a été proclamée le matin même, le préfet du Rhône arrêté et le drapeau rouge hissé sur l’hôtel de ville. Il rend compte également du début de l’invasion du Palais-Bourbon. Chevreau rappelle aussi ce qui s’est passé à la Chambre avant l’envahissement : le ralliement de nombreux bonapartistes à la motion de Thiers. Il cite des noms. Les courtisans s’indignent. A Léon Chevreau, l’impératrice exprime sa déception : « On n’a donc plus d’amis en France quand on est malheureux ! » Les ministres pensent qu’il n’y a plus rien à faire et qu’elle doit partir. Pietri ne parvient à pénétrer dans le palais qu’à quinze heures trente. Il n’a pas voulu venir à pied de peur d’être reconnu. Enfermé dans la calèche du comte de Lezay-Marnésia, il lui a fallu remonter, non sans mal, le courant de la foule qui déferle vers l’Hôtel de Ville. Lorsqu’il pénètre dans le cabinet de l’impératrice, les ministres ne sont pas encore parvenus à convaincre Eugénie de la nécessité de quitter les lieux. « Elle semblait clouée au parquet », rapporte Léon Chevreau. « Nous sommes trahis ! », s’exclame le préfet de police. Par ses commissaires il a su comment, aux abords du Corps législatif, le général de Caussade a demandé aux agents de police de céder la place aux bataillons de la garde nationale. « Toute résistance est impossible, ajouta-t-il, les forces sur lesquelles nous croyions pouvoir compter nous abandonnent. » Le préfet a constaté que la foule, qui jusqu’alors a ignoré les Tuileries, commence à ébranler les grilles.



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