La grande défaite 1870 - 1871 by Alain GOUTTMAN

La grande défaite 1870 - 1871 by Alain GOUTTMAN

Auteur:Alain GOUTTMAN [GOUTTMAN, Alain]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Perrin
Publié: 2020-05-07T12:24:09+00:00


Le cabinet des mauvaises décisions

Le moins que l’on puisse dire, c’est que, en ce mois d’août 1870, les préalables à un « grand mouvement national » salvateur sont loin d’être réunis. Après l’annonce des désastres subis aux frontières les 4 et 6 août, qui ont frappé de stupeur la régente, le cabinet, les Chambres et le peuple, la journée du 7 août a été vécue comme un tremblement de terre dans tout le pays ; pays secoué d’abord par l’annonce d’une grande victoire française, avant de l’être à nouveau, mais cette fois par un cruel démenti. Dès lors, l’accablement succède à la surexcitation et ce n’est partout, dans tous les milieux, que douleur, colère et emportements contre l’incompétence violemment dénoncée des hauts responsables du régime. Sans transition, on passe de l’optimisme puéril au pessimisme le plus profond, et le soir, à Paris, les quartiers populaires grondent. Parmi les ministres et les parlementaires, qui tiennent réunion sur réunion, les uns sentent déjà sur leur gorge le froid du couteau, tandis que d’autres voient se dessiner, à la faveur d’une débâcle annoncée, la perspective tant attendue d’une prise révolutionnaire du pouvoir. À la tribune du Corps législatif, Émile Ollivier lance une proclamation que personne n’écoute : dans le trouble des esprits, qui peut encore croire, même si telle est la vérité, que l’armée n’est pas vraiment défaite, que le sort de la guerre n’est pas compromis, que la France possède encore d’immenses ressources, que Paris est approvisionné et peut être victorieusement défendu ? Qui veut de cette levée en masse que le chef du gouvernement demande à la Chambre de décréter ? Qui se battrait pour la survie d’un régime dont la majorité de la population considère, avec Jules Favre, qu’il a « menti au peuple, trahi les intérêts du pays et mis la patrie en danger » ? Tout peut arriver, chacun le sent bien, et l’impératrice-régente, poussée par Ollivier, décrète la mise en état de siège de la capitale.

Sur la souveraine, qui fait de plus en plus figure de femme seule dans un univers d’hommes surexcités, s’exercent des pressions contraires : d’une part, celles des mamelouks, dont certains penchent pour une réédition du 2 Décembre, d’autre part, celles de l’opposition parlementaire, qui voudrait que le pouvoir revînt tout entier à la Chambre. Et puis, sur les uns comme sur les autres, plane la menace d’une insurrection ourdie par l’extrême gauche, plus active que jamais.

Confrontée à des circonstances aussi exceptionnelles, Eugénie n’hésite pas longtemps : en violation des limites que lui imposent la Constitution et les pouvoirs conférés par l’empereur, elle prend acte du renvoi du ministère par le Corps législatif et constitue, le 9 août, un nouveau gouvernement, dont elle confie la présidence et le portefeuille de la Guerre au général Cousin-Montauban, comte de Palikao, le vainqueur, dix ans plus tôt, de l’expédition de Chine. On a d’abord sollicité Louis Jules Trochu, connu pour ses opinions d’opposition, notamment en matière militaire, mais l’homme avait posé un préalable : il aurait



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