La guerre Iran-Irak by Pierre RAZOUX

La guerre Iran-Irak by Pierre RAZOUX

Auteur:Pierre RAZOUX [Razoux, Pierre]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Perrin
Publié: 2013-12-19T23:00:00+00:00


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L’argent n’a pas d’odeur

L’Iran et l’Irak mettent à profit l’accalmie qui règne sur le front depuis le printemps 1984 pour compléter leurs stocks de munitions et acquérir de nouvelles armes, tout comme des moteurs de rechange et des pièces détachées. Ce marché particulier devient rapidement très rémunérateur, car la nature du terrain et les rudes conditions climatiques entraînent de nombreuses pannes. Les prix du pétrole sont encore suffisamment élevés pour offrir aux Iraniens et aux Irakiens une certaine marge de manœuvre, même si leurs réserves financières s’épuisent, les contraignant à des choix drastiques.

L’Irak n’éprouve guère de difficultés pour s’approvisionner, puisque une trentaine d’Etats acceptent de lui vendre directement le matériel militaire dont il a besoin. Ces Etats le font d’autant plus ouvertement que depuis l’été 1982, l’Irak est présenté comme la victime du fanatisme belliciste de la République islamique. Trois d’entre eux, l’URSS, la France et la Chine, répondent à 85 % de ses besoins. Pour le régime irakien, le principal enjeu consiste donc à mettre ses fournisseurs en compétition pour tenter de faire baisser les prix, puis à conserver leur confiance, dès lors que ses ressources diminueront. Tarek Aziz multipliera les tournées diplomatiques pour convaincre ses interlocuteurs d’étaler la dette irakienne. Il n’y parviendra pas toujours et certains Etats, tels l’Espagne et le Portugal, se tourneront vers l’Iran lorsque l’Irak ne parviendra plus à honorer rapidement ses dettes. Fort heureusement, Bagdad peut compter sur l’assistance financière des pays du Conseil de coopération du Golfe. Le régime baassiste n’est donc pas contraint de s’approvisionner sur le marché parallèle des trafiquants d’armes.

L’Iran se trouve en revanche dans une situation beaucoup plus délicate. Le pays n’est certes pas soumis à un embargo formel des Nations unies, mais il doit supporter l’embargo décrété par les Etats-Unis. Ceux-ci menacent de représailles économiques tout Etat qui livrerait du matériel de guerre à Téhéran. Seuls ceux qui y ont un intérêt réel et savent n’avoir rien à craindre ou attendre de Washington bravent ouvertement l’interdit américain. Ils se comptent sur les doigts d’une main : la Syrie, la Libye, la Chine et la Corée du Nord. Ces quatre pays ne répondent toutefois qu’au tiers des besoins militaires iraniens. Pour les deux autres tiers, Téhéran va devoir faire preuve d’imagination. Alternant séduction, prébendes et menaces voilées, les dirigeants iraniens parviendront à convaincre 25 autres Etats de leur fournir du matériel de guerre ou, à défaut, de fermer les yeux sur les agissements de certaines de leurs entreprises1. Dans bien des cas, ils devront également s’approvisionner sur le marché parallèle, à des prix bien supérieurs. Ces pratiques les mettront en contact avec des trafiquants plus ou moins sérieux, mais aussi avec quelques escrocs de haute volée qui n’hésiteront pas à les gruger, comme Benham Nodjoumi qui réussira l’exploit de leur vendre 34 caisses remplies de ferraille en leur faisant croire qu’il s’agissait de missiles antichars Tow ! Celui-ci, installé à Londres, préférera se rendre aux autorités britanniques et purger une longue peine de prison pour échapper aux tueurs iraniens lancés à sa poursuite.



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