Les Tambours du dieu noir by P. Djèlí Clark

Les Tambours du dieu noir by P. Djèlí Clark

Auteur:P. Djèlí Clark [Djèlí Clark, P.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy
Éditeur: L'Atalante
Publié: 2021-04-14T22:00:00+00:00


Si on élisait Jackson président

On prendrait les fusils du gouvern’ment

Tu charg’rais la poud’, j’me f’rais combattant

Mettrais le feu, le laiss’rais dev’nir grand

Au son des hourra ! Pour Andrew Jackson !

En un clin d’œil, il tire un couteau à la lame incurvée et se rue sur moi.

J’esquive d’un bond en arrière. Personne devrait être capable de bouger aussi vite, mais lui si. Le vent d’Oya souffle de nouveau contre lui avec une telle violence que toute la cabane en tremble, au point que je crains un instant qu’elle s’effondre sur nos têtes. Mais l’homme dégingandé ondule comme un serpent de rivière et louvoie dans la bourrasque avec une aisance déconcertante.

Je continue de reculer. J’entends le bruit de mes bottes sur le plancher de bois. En mon for intérieur, je sais que j’aurai bientôt nulle part où aller, que je finirai coincée avec lui. Mais j’ai pas le temps de formuler cette pensée qu’il se jette sur moi en un bond terrifiant. Sa lame incurvée frappe tel un crochet de serpent dans un éclat argenté reflétant la lumière de la lampe.

Les paupières serrées, j’interpose mon bras pour me protéger et le coutelas manque me taillader la figure.

Une douleur aiguë me transperce l’avant-bras, très vite remplacée par une intense sensation de brûlure. J’ouvre un œil : à travers la manche lacérée de mon manteau, je vois le sang, chaud, poisseux, imbiber le tissu déchiré et dégouliner jusqu’au bout de mes doigts. La souffrance suffit à me faire chanceler et, déstabilisée, je tombe un genou à terre. Cette fois, le grand homme fait durer le plaisir : il reprend ses petits pas chassés en fredonnant sa maudite chanson. Derrière moi, Trésor s’égosille. Ça me rappelle à quel point je déteste entendre les gens hurler comme des abrutis à s’en casser la voix. Qu’esse ça leur apporte ? Je vois pas l’intérêt. J’ai envie de me retourner pour lui dire de la boucler, de me laisser réfléchir, mais je peux pas lâcher des yeux le crâne qui s’approche de moi. Je crois même pas que je soye capable de bouger. Je me sens acculée, prise au piège. L’homme fait tournoyer son couteau entre ses doigts, le fil de la lame rouge de mon sang, sans jamais se départir de son rictus de squelette.

« Viens donc, cher, chantonne-t-il en agitant l’index. Faut pas craindre. T’en va pas. Tout c’que j’veux, c’est t’ouvrir le garemanger. Voir à quoi ça ressemble, des boyaux de sorcière. P’t-être les dérouler et jouer avec. Je te laisserai te rincer l’œil. » Il rit, fait un nouveau saut de cabri, puis chasse sur le côté. « Mais je te f’rai pas de menteries, cher. Ça va faire mal. Très mal. Vraiment très mal. »

Soudain, il se fige. Quand il bouge, la seconde suivante, c’est à la vitesse d’une ombre. Il se rue vers moi, précédé par l’éclat lumineux de sa lame. Je retiens mon souffle, prête à en sentir la morsure, consciente que, cette fois, elle sera profonde. Mais, au lieu de ça, mon agresseur s’arrête dans son élan en poussant un cri.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.