Les quarante-cinq - tome 2 by Alexandre Dumas

Les quarante-cinq - tome 2 by Alexandre Dumas

Auteur:Alexandre Dumas [Dumas, Alexandre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Action & Aventure
Publié: 1848-07-02T23:00:00+00:00


L – Les pauvres du roi de Navarre

Chicot était plongé dans une surprise si profonde, qu’il ne songea point, Henri resté seul, à sortir de son cabinet.

Le Béarnais leva la tapisserie et alla lui frapper sur l’épaule.

– Eh bien, maître Chicot, dit-il, comment trouvez-vous que je m’en sois tiré ?

– À merveille, sire, répliqua Chicot encore étourdi. Mais, en vérité, pour un roi qui ne reçoit pas souvent d’ambassadeurs, il paraît que, quand vous les recevez, vous les recevez bons.

– C’est pourtant mon frère Henri qui me vaut ces ambassadeurs-là.

– Comment cela, sire ?

– Oui, s’il ne persécutait pas incessamment sa pauvre sœur, les autres ne songeraient pas à la persécuter. Crois-tu que si le roi d’Espagne n’avait pas su l’injure publique faite à la reine de Navarre, quand un capitaine des gardes a fouillé sa litière, crois-tu qu’on viendrait me proposer de la répudier ?

– Je vois avec bonheur, sire, répondit Chicot, que tout ce que l’on tentera sera inutile, et que rien ne pourra rompre la bonne harmonie qui existe entre vous et la reine.

– Eh ! mon ami, l’intérêt qu’on a à nous brouiller est clair…

– Je vous avoue, sire, que je ne suis pas si pénétrant que vous le croyez.

– Sans doute, tout ce que désire mon frère Henri, c’est que je répudie sa sœur.

– Comment cela ? Expliquez-moi la chose, je vous prie. Peste ! je ne croyais pas venir à si bonne école.

– Tu sais qu’on a oublié de me payer la dot de ma femme, Chicot.

– Non, je ne le savais pas, sire ; seulement je m’en doutais.

– Que cette dot se composait de trois cent mille écus d’or.

– Joli denier.

– Et de plusieurs villes de sûreté, et, entre ces villes, celle de Cahors.

– Jolie ville, mordieu !

– J’ai réclamé, non pas mes trois cent mille écus d’or, tout pauvre que je suis, je me prétends plus riche que le roi de France, mais Cahors.

– Ah ! vous avez réclamé Cahors, sire. Ventre de biche ! vous avez bien fait, et à votre place, j’eusse fait comme vous.

– Et voilà pourquoi, dit le Béarnais avec son fin sourire, voilà pourquoi… Comprends-tu maintenant ?

– Non, le diable m’emporte !

– Voilà pourquoi on me voudrait brouiller avec ma femme au point que je la répudiasse. Plus de femme, tu entends, Chicot, plus de dot, par conséquent plus de trois cent mille écus, plus de villes, et surtout plus de Cahors. C’est une façon comme une autre d’éluder sa parole, et mon frère de Valois est fort adroit à ces sortes de pièges.

– Vous aimeriez cependant fort à tenir cette place, n’est-ce pas, sire ? dit Chicot.

– Sans doute ; car enfin, qu’est-ce que ma royauté de Béarn ? une pauvre petite principauté que l’avarice de mon beau-frère et de ma belle-mère ont tellement rognée, que le titre de roi qui y est attaché est devenu un titre ridicule.

– Oui, tandis que Cahors ajoute à cette principauté…

– Cahors serait mon boulevard, la sauvegarde de ceux de ma religion.



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