La Solitude est un Cercueil de Verre by Ray Bradbury

La Solitude est un Cercueil de Verre by Ray Bradbury

Auteur:Ray Bradbury [Bradbury, Ray]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Littérature américaine
Publié: 1985-04-14T22:00:00+00:00


Et puis, tout à coup, ce fut terminé.

Il était très tard, ou très tôt. Je me sentais grisé par la vie, simplement parce que cette femme avait pris le temps de jouer au fil des heures, de passer la nuit à bavarder jusqu’à ce que le soleil, loin à l’est, par-delà les brouillards et les brumes, menace d’apparaître.

Je regardai les vagues et la plage. Pas trace de noyés, et personne sur le sable pour les voir ou les ignorer. Je n’avais pas envie de partir, mais j’avais toute une journée de travail devant moi, une journée à écrire mes histoires avec juste trois pas d’avance sur la mort. Un jour sans écrire, comme je le disais souvent, et si souvent que mes amis poussaient des soupirs et levaient les yeux au ciel, un jour sans écrire était une petite mort. Je n’avais pas l’intention de me jeter par-dessus le mur du cimetière. J’allais me battre sans relâche avec ma Remington portative qui tire avec plus de précision, quand on vise bien, que la carabine du même nom.

« Je vais vous reconduire, dit Constance Rattigan.

— Non, merci. Ce n’est qu’à trois cents mètres sur la plage. Nous sommes voisins.

— Rien du tout. Faire construire cet endroit m’a coûté deux cents dollars en 1920, cinq millions d’aujourd’hui. Vous payez combien de loyer ? Trente dollars par mois ? »

J’opinai.

« OK, voisin. Débarrassez-moi le sable. À un de ces minuits ?

— Souvent.

— Souvent. » Elle prit mes deux mains dans les siennes, c’est-à-dire dans les mains du chauffeur, de la bonne et de la star. Elle rit, lisant dans mon esprit. « Vous pensez que je suis cinglée ?

— J’aimerais que tout le monde soit comme vous. »

Elle changea de vitesse pour esquiver le compliment.

« Et Fannie ? Vivra-t-elle éternellement ? »

Les yeux humides, je hochai la tête.

Elle m’embrassa sur les deux joues et me donna une bourrade. « Sortez d’ici. »

Je sautai de son porche carrelé pour atterrir sur le sable, fis un pas en courant, me retournai et dis : « Bonne journée, princesse.

— Merde », fit-elle, ravie.

Je me sauvai.



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