La Prisonnière du temps by Kate Morton

Auteur:Kate Morton [Morton, Kate]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature australienne, Art, Suspense, Roman
Éditeur: Les Presses de la Cité
Publié: 2019-04-03T22:00:00+00:00

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1. Spectre canin présent principalement dans le folklore britannique, dont l’apparition était considérée comme un présage de mort.

CHAPITRE 17

Tandis qu’il rentrait à Birchwood Manor en traversant le village par la paisible route aux bas-côtés envahis par les mauvaises herbes, Leonard songea à Lucy Radcliffe. Une chose était sûre : il n’avait jamais rencontré de femme – ou d’ailleurs d’être humain – qui lui ressemblât. Son intelligence était remarquable, de toute évidence, et l’âge n’avait pas diminué son intense curiosité intellectuelle. Ses centres d’intérêt étaient aussi nombreux que variés, et sa capacité à mémoriser et à analyser des informations complexes tout à fait singulière. De plus, elle avait su faire montre d’une ironie et d’une autodérision appréciables. En bref, se dit Leonard, une femme des plus fréquentables.

Mais qui n’était pas sans lui inspirer une certaine compassion. Juste avant de partir, il lui avait posé quelques questions sur son école. Une expression de profond regret était apparue sur le visage de Mlle Radcliffe. « J’avais fondé de grands espoirs sur cette entreprise, monsieur Gilbert. Mais elle était prématurée. Il me fallait faire des compromis, je le savais, répondre, si je voulais avoir assez de pensionnaires pour que l’école fonctionne, à certaines attentes des parents. Je me croyais capable d’honorer la promesse que je leur avais faite de transformer leurs fillettes en “jeunes filles de la bonne société” tout en leur inculquant la passion d’apprendre. » Mlle Radcliffe avait souri. « Je ne crois pas céder à l’autosatisfaction en vous disant que j’ai conduit quelques-unes de ces jeunes filles sur une voie qu’elles n’auraient peut-être pas trouvée sans moi. Mais il y a eu beaucoup plus de couture et de chant que je ne l’avais prévu. »

Et l’entendant parler de l’école, de ses jeunes pensionnaires, Leonard s’était rendu compte que Birchwood Manor n’avait guère gardé de traces de cette période. Il était difficile de croire que des troupes de jeunes filles avaient arpenté ses couloirs, même au prix d’un effort d’imagination. Birchwood n’était rien d’autre que la maison de campagne d’un artiste victorien. Lorsqu’on y entrait, on avait le sentiment de remonter le temps.

« C’est impossible, sur le plan logique, avait murmuré Lucy Radcliffe, à laquelle Leonard avait fait part de cette impression. Le voyage dans le temps – comment peut-on être en deux lieux “en même temps” ? L’expression elle-même est un paradoxe, en tout cas dans notre univers… » N’ayant nul désir de se laisser entraîner dans une nouvelle discussion scientifique, Leonard s’était enquis de la date à laquelle l’école avait fermé. « Oh, il y a presque trente ans ! Elle s’est éteinte en même temps que la reine, en 1901. Un ou deux ans plus tôt, il y avait eu un accident, un terrible drame… Une des pensionnaires s’était noyée pendant un pique-nique organisé par l’école. Petit à petit, les parents ont retiré leurs filles. Et comme nous n’avions pas de nouvelles inscriptions… eh bien, il nous a fallu accepter la triste réalité. La mort d’une élève, ce n’est jamais bon pour les affaires.

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