Les femmes qui aiment sont dangereuses by Adler Laure & Lécosse Elisa

Auteur:Adler, Laure & Lécosse, Elisa [Adler, Laure & Lécosse, Elisa]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai, Femmes, Passion, France
Éditeur: Chrissounet - TAZ
Publié: 2013-04-28T02:06:11+00:00

Jan Bruegel l’Ancien, dit de Velours, Caverne fantastique avec Ulysse et Calypso, vers 1616,

Londres, Johnny Van Haeften Gallery.

La Tentatrice

Alors qu’il mène une vie ascétique dans le désert, saint Antoine est assailli par des tentations diaboliques qui prennent, entre autres, la forme de visions érotiques. Sa sensualité attisée, l’ermite brûle de luxure. La femme est ici associée aux faiblesses de la chair et au monde démoniaque.

Félicien Rops, quand il s’empare du sujet, livre une interprétation franchement iconoclaste de cet épisode. Au lieu du Christ, c’est une femme nue et bien en chair qui est attachée à la Croix pour y être adorée ; au lieu de l’inscription « INRI » (pour « Jésus de Nazareth roi des Juifs »), on peut lire « EROS ». Mais laissons la parole à l’artiste : « Voici à peu près ce que je voulais faire dire au bon Antoine par Satan […]. Je veux te montrer que tu es fou, mon brave Antoine, en adorant tes abstractions ! Que tes yeux ne cherchent plus dans les profondeurs bleues le visage de ton Christ, ni celui des Vierges incorporelles ! Tes dieux ont suivi ceux de l’Olympe […]. Mais si les dieux sont partis, la Femme te reste, et avec l’amour de la Femme l’amour fécondant de la Vie. »

En 1878, La Tentation de saint Antoine fait scandale. Car, comme l’écrit un jour à l’artiste Edmond Picard, grand amateur d’art, animateur de la revue L’Art moderne et propriétaire de l’œuvre, « pour le vulgum pecus, inhabile à démêler votre art puissant et cruel, vous risquez fort de n’être jamais qu’un pornographe […]. Cet art grandiose, où l’être féminin qui domine notre temps, si prodigieusement différent de ses ancêtres, se manifeste en des types que l’âme aiguë d’un grand artiste est seule capable de réaliser, échappe aux regards ordinaires ». Et Picard de conserver l’œuvre, pieusement, dans son cabinet personnel, enfermée à clef dans un petit meuble clos par un double vantail, telle une image sacrée.

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