Ouvrages de politique by Rousseau Jean-Jacques

Ouvrages de politique by Rousseau Jean-Jacques

Auteur:Rousseau, Jean-Jacques [Rousseau, Jean-Jacques]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai, 18ème Sc., France, Classique, Politique
Éditeur: http://www.rousseauonline.ch/tdm.php
Publié: 2012-07-09T17:42:06+00:00


CHAPITRE VIII

Que toute forme de Gouvernement n’est pas propre à tout pays.

La liberté n’étant pas un fruit de tous les climats, n’est pas à la portée de tous les peuples. Plus on médite ce principe établi par Montesquieu, plus on en sent la vérité. Plus on le conteste, plus on donne occasion de l’établir par de nouvelles preuves.

Dans tous les Gouvernemens du monde la personne publique [280] consomme & ne produit rien. D’où lui vient donc la substance consommée? Du travail de ses membres. C’est le superflu des particuliers qui produit le nécessaire du publie. D’où il suit que l’état civil ne peut subsister qu’autant que le travail des hommes rend au-delà de leurs besoins.

Or cet excédant n’est pas le même dans tous les pays du monde. Dans plusieurs il est considérable, dans d’autres médiocre, dans d’autres nul, dans d’autres négatif. Ce rapport dépend de la fertilité du climat, de la sorte de travail que la terre exige, de la nature de ses productions, de la force de ses habitans, de la plus ou moins grande consommation qui leur est nécessaire, & de plusieurs autres rapports semblables desquels il est composé.

D’autre part, tous les Gouvernemens ne sont pas de même nature; il y en a de plus ou moins dévorants, & les différences sont fondées sur cet autre principe, que, plus les contributions publiques s’éloignent de leur source & plus elles sont onéreuses. Ce n’est pas sur la quantité des impositions qu’il faut mesurer cette charge, mais sur le chemin qu’elles ont à faire pour retourner dans les mains dont elles sont sorties; quand cette circulation est prompte & bien établie, qu’on paye peu ou beaucoup, il n’importe; le peuple est toujours riche & les finances vont toujours bien. Au contraire, quelque peu que le peuple donne, quand ce peu ne lui revient point, en donnant toujours, bientôt il s’épuise; l’Etat n’est jamais riche & le peuple est toujours gueux.

Il suit de-là que plus la distance du peuple au Gouvernement augmente, & plus les tributs deviennent onéreux; ainsi [281] dans la démocratie le peuple est le moins chargé, dans l’aristocratie il l’est davantage, dans la monarchie il porte le plus grand poids. La monarchie ne convient donc qu’aux nations opulentes, l’aristocratie aux Etats médiocres en richesse ainsi qu’en grandeur, la démocratie, aux Etats petits et pauvres.

En effet, plus on y réfléchit, plus on trouve en ceci de différence entre les Etats libres et les monarchiques; dans les premiers tout s’emploie à l’utilité commune; dans les autres, les forces publiques & particulières sont réciproques, & l’une s’augmente par l’affoiblissement de l’autre. Enfin, au lieu de gouverner les sujets pour les rendre heureux, le despotisme les rend misérables pour les gouverner.

Voilà donc, dans chaque climat des causes naturelles sur lesquelles on peut assigner la forme de Gouvernement à laquelle la force du climat l’entraîne, & dire même quelle espece d’habitans il doit avoir. Les lieux ingrats & stériles où le produit ne vaut pas le travail, doivent rester incultes & déserts, ou



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