Les animaux funèbres 2 - L'ombre des gnomes by Brussolo Serge

Les animaux funèbres 2 - L'ombre des gnomes by Brussolo Serge

Auteur:Brussolo Serge [Brussolo Serge - Les animaux funèbres 2 - L'ombre des gnomes]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 2015-05-09T00:00:00+00:00


CHAPITRE VIII

David ébouriffa une nouvelle fois le bouquet de fleurs pour lui donner un peu plus de volume. Il soupira, déçu du résultat. Les fleurs, c'était son idée… Une idée que personne ne lui avait soufflé. Une manière de remercier Maria Estravieja pour sa protection au cours de l'interrogatoire de police.

« Si elle n'avait pas été là, pensait le garçon, sûr que le lieutenant m'aurait cogné dessus ! »

Il avait acheté les fleurs à la boutique la moins chère de San Carmino, et encore n'avait-il pu obtenir qu'un bouquet plus ou moins défraîchi, mais l'intention demeurait… Il espérait que Maria s'en rendrait compte.

Il pressa le pas pour abréger la durée du trajet. S'il s'attardait davantage, le soleil finirait par transformer son pauvre bouquet en une botte de feuilles jaunâtres et il aurait l'air complètement ridicule.

Il était en sueur lorsqu'il atteignit l'immeuble. Il faisait terriblement chaud depuis quelques jours. Beaucoup trop chaud, comme si un orage couvait. Au long des trottoirs, les gens haletaient, happant désespérément un air pauvre en oxygène. David s'arrêta dans le hall. A l'aide de son mouchoir, il s'épongea soigneusement le front et le visage. Maria détestait la transpiration et il ne voulait pas l'indisposer. Dans l'ascenseur il agita le pan de sa chemise pour faciliter la circulation de l'air conditionné autour de son torse. L'humidité séchait sur sa peau. Il poussa un soupir de contentement.

Au quatrième, il se hissa sur la pointe des pieds pour atteindre la sonnette et pressa longuement le bouton. Personne ne répondit. Décontenancé, il attendit quelques secondes puis recommença. Maria était-elle absente ? C'était pour le moins étrange : elle sortait rarement de chez elle, et en tout cas jamais aux heures caniculaires.

A la troisième tentative, l'écho d'un pas traînant monta de derrière le battant. La porte s'ouvrit.

— Ah ! c'est toi…, dit faiblement Maria Estravieja.

Elle était drapée dans un peignoir d'éponge blanc, et, d'emblée, David lui trouva un air bizarre.

« On dirait qu'elle est droguée », remarqua-t-il en tendant son bouquet de fleurs. D'un seul coup toute allégresse l'avait quitté. Il entra dans l'appartement, le nez froncé, comme ces touristes qui – visitant un zoo – s'approchent de la cage des tigres un mouchoir pressé sur les narines.

Maria le remercia d'une voix lointaine. Malgré les volets tirés et la pénombre qui régnait dans le salon, David nota qu'elle était très pâle et que de grands cernes violets soulignaient ses yeux. Il lui sembla qu'une odeur étrange flottait dans la pièce, une odeur qu'il n'arrivait pas à définir mais qui l'indisposait et lui rappelait de mauvais souvenirs.

— Tu veux… du thé ? ânonna Maria, du thé et des… confitures ?

Elle parlait au ralenti, comme si les mots tombaient de son cerveau au compte-gouttes. Elle avait maigri et paraissait plus âgée que de coutume. David s'assit du bout des fesses au bord d'un fauteuil. Maria souriait, les yeux perdus dans le vague. On sentait qu'elle faisait des efforts pour retrouver le fil de ses pensées.

— Je voulais vous remercier pour votre aide, l'autre jour, lança David à tout hasard.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.