Le revenant by Punke Michael

Le revenant by Punke Michael

Auteur:Punke, Michael [Punke, Michael]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature américaine
Publié: 2016-02-27T15:09:13+00:00


15

9 octobre 1823

Les prétentions de Fort Brazeau à l’appellation de fort étaient au mieux ténues. Peut-être l’avait-on ainsi baptisé par vanité, pour institutionnaliser un nom de famille. Ou peut-être dans l’espoir de dissuader toute attaque par la simple force de la qualification. Dans un cas comme dans l’autre, le nom excédait de beaucoup ce qu’il désignait.

Fort Brazeau se réduisait à une unique cabane en rondins, un quai grossier et un poteau où attacher des chevaux. Les fentes étroites ménagées dans la cabane pour permettre de tirer constituaient la seule indication qu’on eût envisagé le côté militaire de la construction.

Çà et là, des tipis parsemaient la clairière entourant le fort, certains abritant temporairement des Indiens venus faire du troc, d’autres occupés de manière plus permanente par des ivrognes de la tribu des Sioux Yankton. Tous ceux qui voyageaient sur la rivière s’arrêtaient à Fort Brazeau pour y passer la nuit, généralement à la belle étoile, même si, pour quelques cents, les plus riches pouvaient dormir sur une paillasse dans la cabane.

A l’intérieur, cette cabane était moitié épicerie-bazar, moitié saloon. Comme elle était faiblement éclairée, les sensations y étaient surtout olfactives : fumées diverses, musc graisseux de peaux fraîches, odeur de barils ouverts de morue salée. Hormis les conversations d’hommes soûls, les principaux bruits étaient le bourdonnement constant des mouches et les ronflements provenant d’un grenier à coucher aménagé entre les chevrons.

Kiowa Brazeau, l’homme qui avait donné son nom au fort, regarda attentivement les cinq cavaliers à travers d’épaisses lunettes qui donnaient à ses yeux une grosseur anormale. Ce fut avec un grand soulagement qu’il reconnut le visage de Yellow Horse. Depuis quelque temps, Kiowa se préoccupait de l’état d’esprit des Sioux.

William Ashley venait de passer près d’un mois à Fort Brazeau pour préparer l’avenir de sa Rocky Mountain Fur Company après la débâcle aux villages arikaras. Dans cette bataille, les Sioux avaient été les alliés des Blancs, ou plus exactement ils l’avaient été jusqu’à ce qu’ils soient écœurés par la tactique apathique du colonel Leavenworth. En plein siège, les Sioux avaient brusquement levé le camp – non sans avoir au préalable volé les chevaux d’Ashley et de l’armée américaine. Ashley voyait dans la conduite des Sioux une véritable trahison. Kiowa, lui, la considérait avec une compréhension discrète, mais il ne voyait pas la nécessité d’offenser le fondateur de la Rocky Mountain Fur Company. Ashley et ses hommes étaient les meilleurs clients qu’il ait jamais eus et lui achetaient quasiment tout ce qu’il avait en magasin.

La fragile économie de Fort Brazeau dépendait cependant en dernière instance du troc avec les tribus locales. Celle des Sioux avait pris une importance accrue depuis le changement radical de relations avec les Arikaras. Kiowa craignait que le dédain des Sioux pour Leavenworth ne s’étende à sa personne et à son poste commercial. L’arrivée de Yellow Horse accompagné de trois braves était bon signe, en particulier lorsqu’il devint clair qu’ils lui amenaient un Blanc dont ils s’étaient apparemment occupés.

Un petit groupe d’Indiens résidents et de voyageurs* de passage se forma pour accueillir les nouveaux venus.



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