Le retour de Jack l'Éventreur by J. B. Livingstone

Le retour de Jack l'Éventreur by J. B. Livingstone

Auteur:J. B. Livingstone [Livingstone, J. B.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Littérature française
Éditeur: du Rocher
Publié: 2017-05-15T00:00:00+00:00


CHAPITRE XVI

Le laboratoire, comprenant l’urgence de la situation, travailla toute la nuit sur le matériel de l’avorteuse. Celle-ci fut interpellée à son domicile peu après le lever du soleil. À la suite d’une perquisition qui ne donna aucun résultat, on l’amena à Scotland Yard où elle fut immédiatement reçue par Scott Marlow qui partageait un solide breakfast avec Higgins. En ce début de matinée du 22 septembre, le superintendant entrevoyait enfin un espoir.

Martha Sidgwell avait la tête rentrée dans les épaules. De ses doigts virils, elle serrait la lanière d’un modeste sac à main. Elle hésita à entrer dans le bureau du superintendant.

— Asseyez-vous, Mme Sidgwell.

— Je suis arrêtée ?

— Nous n’en sommes pas encore là.

— Alors pourquoi des policiers sont-ils venus me chercher chez moi ?

— Il y a des éléments nouveaux, précisa Higgins qui se tenait derrière l’étrange sage-femme. Vous nous avez menti sur vos activités véritables.

— Je soigne les gens.

— Vous êtes une avorteuse, Mme Sidgwell. Votre matériel est en notre possession.

— Vous devriez me le rendre. J’aide de pauvres filles dans la détresse.

— Contre rétribution, ajouta Scott Marlow, indigné.

— Comme tout le monde. Vous aussi, vous êtes payé.

— La comparaison est insupportable ! tonna le superintendant. Vous ne percevez pas la gravité de votre situation. Vous possédez des connaissances anatomiques suffisantes pour avoir mutilé vos victimes de manière horrible, mais précise. Votre clientèle, ce sont précisément les femmes de mauvaise vie et elles seules.

— Je n’exerce pas qu’à Whitechapel, précisa Martha Sidgwell. D’ailleurs, je ne suis pas avorteuse, mais aide-soignante. Aucune femme ne témoignera contre moi. C’est vous qui avez tout inventé. Devant un tribunal, vos accusations ne tiendront pas.

— Et votre matériel ? Pourquoi était-il caché dans une arrière-cour de Whitechapel ?

— J’ignore de quoi vous parlez. Je ne possède aucun matériel.

Scott Marlow blêmit de rage. Derrière Martha Sidgwell, Higgins lui fit signe de se taire, plaçant l’index droit sur ses lèvres.

— Vous pouvez partir, Mme Sidgwell, dis l’ex-inspecteur-chef. Dans un proche avenir, nous aurons probablement à vous interroger de nouveau.

— Comme vous voudrez. Moi, je n’ai rien à me reprocher.

L’avorteuse se leva et, prenant son temps, sortit du bureau sans saluer les deux hommes.

Le superintendant était abasourdi.

— Mais enfin, Higgins… nous tenions l’assassin et vous le laissez quitter librement le Yard ! Avez-vous observé ses mains ? Ce sont celles d’un homme. Elle était tout à fait capable d’étrangler ses victimes et de les mutiler. Il reste un détail à résoudre : elle a dû se déguiser. Une fois son crime accompli, elle a caché les instruments avec lesquels elle a torturé les cadavres. Une sage-femme prise de folie, se déchaînant contre les pauvres filles qu’elle ne supportait plus. Les actes d’une folle qu’il faudrait interner au plus tôt.

Higgins demeurait pensif.

— C’est une théorie tout à fait intéressante, mon cher Marlow. Jack l’Éventreur, une femme… pourquoi pas ? Martha Sidgwell est calme, a beaucoup de sang-froid, n’est la proie d’aucune émotion. On l’imagine assez bien en tueuse implacable. Mais il y a les résultats provenant du laboratoire…

— Je sais, Higgins, je sais.



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