Le manoir écarlate by Failler Jean

Le manoir écarlate by Failler Jean

Auteur:Failler, Jean [Failler, Jean]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Polar régional
Publié: 1994-09-30T22:00:00+00:00


Chapitre XIII

Il était dix heures précises en ce dimanche matin quand Mary se présenta à la grille du château. Madame Salmon venait d’arriver et, à peine fut-elle garée dans une des allées du parc, derrière le bureau directorial que la Renault 4 de la gendarmerie fît son apparition.

Merrien en descendit et salua Mary.

— Bonjour, monsieur l’adjudant-chef, dit-elle, bien dormi ?

— Très bien, dit-il brièvement.

— Et ces poulets ?

Il s’était fait une carapace d’impassibilité, bien décidé à éviter avec soin les provocations de l’inspecteur Lester.

— Ça va… Tout est en ordre.

Sa tenue, comme toujours, était impeccable, il était rasé de frais, et pourtant sous ses yeux on voyait des poches qui n’y étaient pas la veille. Sa nuit devait avoir été particulièrement courte et Mary s’en voulut soudain de l’avoir taquiné. Son boulot n’était pas rose tous les jours.

— Avez-vous eu des nouvelles de notre faux mort ?

— Ouais…

Il baissa un moment les paupières en serrant les poings. L’inspecteur Lester plus le faux mort de la veille, ça faisait vraiment beaucoup. Enfin il dit d’une voix lente :

— Il a fait, probablement avec une cigarette, trois trous dans sa chemise, et, en se piquant le pouce, assez de sang a coulé pour nous donner le change… Ensuite il a provoqué un scandale à l’hôpital, il a alerté la presse, tenez, regardez ! Il tendait à Mary le « Journal du Dimanche » qui avait fait sa une avec la photo du célèbre écrivain assis sur le bord du brancard, entre deux infirmiers avec ce titre : « La fausse mort de Leamond de La Rivière ».

Mary prit le journal et lut l’article en hochant la tête :

— Il est très fort !

— Si on veut, dit Merrien, et il y avait de l’amertume dans sa voix.

— Sera-t-il poursuivi pour outrages ? demanda Mary.

— Je n’en sais rien, soupira le gendarme. J’ai transmis le dossier à ma hiérarchie. Le colonel décidera.

Il mit la main sur la portière de la 4 L mais avant de l’ouvrir, il se retourna vers Mary :

— De toute façons, ça ne servira à rien… À rien qu’à lui faire une publicité supplémentaire et à faire rire à nos dépens.

Madame Salmon revint avec des clés impressionnantes :

— Montez, dit Merrien en lui ouvrant la porte arrière.

Mary s’installa près de lui et la voiture partit vers le château. La journée s’annonçait belle, il n’y avait pas un nuage dans le ciel. Par les vitres ouvertes, montait la bonne odeur des sous-bois et de la rosée qui s’évaporait au soleil.

Quand Mary descendit de la voiture, Merrien s’aperçut qu’elle portait son arme de service. Il ironisa :

— C’est pour chasser la dame blanche ?

— Rigolez toujours, lui dit-elle, je n’oublie pas, moi, qu’il y a un assassin en liberté quelque part.

Madame Salmon avait introduit dans le portail de fer qui défendait l’entrée principale, une clé de belle dimension, et maintenant elle s’arc-boutait sur le battant.

— Aidez-moi, dit-elle à l’adjudant-chef.

Mais, avant qu’il ait pu intervenir, une grande main noueuse se posa sur les rosaces de fer et le battant s’ouvrit en grinçant un peu.



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