le livre du desert by Theo Clare & Mo Hayder & Theo Clare

le livre du desert by Theo Clare & Mo Hayder & Theo Clare

Auteur:Theo Clare & Mo Hayder & Theo Clare [Clare, Theo & Mo Hayder & Theo Clare]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Presses de la Cité
Publié: 2022-05-19T08:19:21+00:00


Newt a loué une énorme Audi Q5 blanche, intérieur cuir, pourvue d’un système audio Bose. Il pose le sac à dos de McKenzie sur le siège arrière et lui ouvre la porte. Ses mouvements sont fluides : un gaucho dansant le tango, les épaules droites, parfaitement maître de lui-même, bougeant à peine la tête.

Nerveuse, McKenzie ne cesse de croiser et décroiser les jambes tandis qu’ils traversent Phoenix à l’heure de pointe. Le soleil étincelle sur les immeubles et les pare-brise. Sur le volant, les mains de Newt sont brunes, ses ongles pâles, impeccables. Elle est trop mal à l’aise pour demander où ils vont passer la nuit. Lorsqu’ils arrivent à l’hôtel, elle se sent aussitôt miteuse, pas à sa place. L’établissement se trouve dans le quartier de Dove Valley, avec vue sur les terrains de golf : pelouses d’un vert brillant enchâssées dans le flanc blond des montagnes.

— Ne t’inquiète pas, la rassure Newt. Je me fais du mauvais sang pour bien des choses, mais pour l’argent jamais. Mon père était généreux. Et du coup, je peux l’être aussi. Je vais payer les chambres. Et je te rembourserai ton billet d’avion.

La réception est dallée de marbre. Il y a une fontaine, un café décoré au néon. Leurs chambres sont au dernier étage, reliées par un balcon. Newt porte le sac de McKenzie.

— Je suis juste à côté, dit-il. Tu vois ? Accorde-toi un peu de temps pour ranger tes affaires. Je reviens dans vingt minutes.

Il disparaît. Seule dans la pièce, McKenzie ne sait pas quoi faire. Elle n’a jamais dormi que dans des motels. Rien qui ressemble à cet endroit. Tout est si vaste, si étincelant : elle a peur de toucher le moindre napperon. Elle fait le tour de la chambre d’un pas hésitant, lançant aux meubles des regards méfiants comme si un groom allait surgir et la réprimander : « Madame, merci de ne pas tirer les rideaux de cette manière. Ils sont exclusivement réservés à nos clients privilégiés… »

Par la fenêtre, elle aperçoit les voiturettes du terrain de golf et leur auvent rayé framboise et pistache. L’immense club se situe entre la pièce montée et le ranch, avec sa véranda blanche et ses étages en gradins. McKenzie se sent minuscule, comme si sa seule présence ne suffisait pas à remplir la chambre. Son sac à dos semble ridiculement petit. Doudou Lapin fait vraiment son âge et la brosse à dents se recroqueville, timide, honteuse de sa banalité, sous les spots du lavabo en marbre de la salle de bains.

McKenzie a également au creux du ventre une sensation qu’elle a du mal à identifier. L’excitation, peut-être, ou ce sentiment qui s’empare d’elle quand elle boit deux flat white à la suite chez Starbucks, une vibration dans les hautes fréquences qui n’est pas désagréable mais la met légèrement mal à l’aise.

Elle branche son téléphone. India lui a envoyé un message.



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