Le forgeron de la cour-dieu - tome 1 by Pierre Alexis Ponson Du Terrail

Le forgeron de la cour-dieu - tome 1 by Pierre Alexis Ponson Du Terrail

Auteur:Pierre Alexis Ponson Du Terrail [du Terrail, Pierre Alexis Ponson]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Publié: 2013-12-28T20:41:13+00:00


XXV

Le chevalier Michel de Valognes avait donc repris au galop la route de Beaurepaire. La soirée s’avançait et les petites gens qu’abritait le château étaient couchés.

Mais la comtesse des Mazures, Lucien et Toinon étaient debout.

Tous trois se trouvaient réunis dans le boudoir de la comtesse lorsque le chevalier entra.

En son absence, il y avait eu un accord complet entre la comtesse et son fils.

La comtesse avait dit à Lucien :

– Tu aimes cette jeune fille et je ne m’oppose nullement à ce que tu l’épouses. Seulement il paraît qu’elle est presque toujours gardée à vue par le forgeron.

– C’est un misérable ! dit Lucien qui se sentait ivre de colère en songeant à l’affront qu’il avait reçu.

– Il n’est que l’instrument des moines, avait répondu Mme des Mazures.

Et Lucien s’était écrié :

– Mais qu’est-ce que les moines ont à voir dans cette affaire ?

Alors un fin sourire était venu aux lèvres de la comtesse.

– Voyons, mon enfant, avait-elle dit en prenant les mains de Lucien dans les siennes, écoutez-moi.

Vous êtes mon unique affection, et je n’ai pas grand mérite à vous céder et à consentir à ce mariage, malgré son excentricité apparente. Cependant, peut-être eussé-je résisté, au moins essayé de vous faire comprendre que c’était un véritable sacrifice dans lequel notre orgueil de race était tout à fait immolé… si…

La comtesse s’arrêta, souriant toujours.

– Eh bien ! ma mère, dit Lucien étonné.

– Si je ne croyais, reprit-elle, que ce mariage n’est pas aussi ridicule… qu’il en a l’air.

– Ma mère !

– Vous me demandez quel intérêt les moines ont à faire bonne garde autour de la petite ? De tout temps les communautés religieuses se sont distinguées par leur peu d’abnégation des biens de ce monde.

Tout en travaillant pour le ciel, elles n’ont jamais négligé ni de s’affilier des moines riches qui donnaient leur fortune au couvent, ni d’agrandir leurs terres, ni de défendre pied à pied et rigoureusement tous leurs droits.

– Où voulez-vous en venir, ma mère ?

– À ceci : Que Jeanne, – c’est bien son nom, n’est-ce pas ? – que Jeanne pourrait bien n’être ni la filleule ni la nièce du forgeron Dagobert, mais quelque fille de bonne maison dont les moines ont accaparé la fortune.

– Serait-ce possible ?

– C’est ma conviction, mon enfant.

Et la comtesse mit un baiser au front de son fils, puis elle ajouta :

– Vous voyez donc bien que je n’avais pas grand mérite à vous accorder mon consentement ?

– Mais, ma mère, dit Lucien, si les moines sont les tuteurs de Jeanne, que dois-je faire ?

Et Lucien avait pris un air naïf.

– Oh ! le vilain mystérieux ! dit la comtesse en souriant, vous croyez donc que je ne sais pas, tout ?

Lucien se prit à rougir.

– Le chevalier m’a fait ses confidences, dit la comtesse.

– Vraiment ? balbutia Lucien.

– Dagobert a dû s’absenter aujourd’hui, et le chevalier a pris ses précautions pour qu’il ne rentre pas à la forge de la nuit.

Lucien prit la main de la comtesse et la baisa.



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