Le collier de la reine - tome 2 (les mémoires d'un médecin) by Alexandre Dumas

Le collier de la reine - tome 2 (les mémoires d'un médecin) by Alexandre Dumas

Auteur:Alexandre Dumas [Dumas, Alexandre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Action & Aventure
Publié: 1850-07-02T23:00:00+00:00


Chapitre 27

Roi ne puis, prince ne daigne, Rohan je suis

La reine paraissait attendre impatiemment ; aussi, dès qu’elle aperçut les joailliers :

– Ah ! voici monsieur Bossange, dit-elle vivement ; vous avez pris du renfort, Bœhmer, tant mieux.

Bœhmer n’avait rien à dire ; il pensait beaucoup. Ce qu’on a de mieux à faire en pareil cas, c’est de procéder par le geste ; Bœhmer se jeta aux pieds de Marie-Antoinette.

Le geste était expressif.

Bossange l’imita comme son associé.

– Messieurs, dit la reine, je suis calme à présent, et je ne m’irriterai plus. Il m’est venu d’ailleurs une idée qui modifie mes sentiments à votre égard. Nul doute qu’en cette affaire nous ne soyons, vous et moi, dupes de quelque petit mystère… qui n’est plus un mystère pour moi.

– Ah ! madame ! s’écria Bœhmer enthousiasmé par ces paroles de la reine, vous ne me soupçonnez donc plus… d’avoir fait… Oh ! le vilain mot à prononcer que celui de faussaire !

– Il est aussi dur pour moi de l’entendre, je vous prie de le croire, que pour vous de le prononcer, dit la reine. Je ne vous soupçonne plus, non.

– Votre Majesté soupçonne-t-elle quelqu’un alors ?

– Répondez à mes questions. Vous dites que vous n’avez plus les diamants ?

– Nous ne les avons plus, répondirent ensemble les deux joailliers.

– Peu vous importe de savoir à qui je les avais remis pour vous, cela me regarde. Est-ce que vous n’avez pas vu… madame la comtesse de La Motte ?

– Pardonnez, madame, nous l’avons vue…

– Et elle ne vous a rien donné… de ma part ?

– Non, madame. Madame la comtesse nous a dit seulement : Attendez.

– Mais cette lettre de moi, qui l’a remise ?

– Cette lettre ? répliqua Bœhmer ; celle que Votre Majesté a eue dans les mains, celle-ci, c’est un messager inconnu qui l’a apportée chez nous pendant la nuit.

Et il montrait la fausse lettre.

– Ah ! ah ! fit la reine, bien ; vous voyez qu’elle ne vient pas directement de moi.

Elle sonna, un valet de pied parut…

– Qu’on fasse mander madame la comtesse de La Motte, dit tranquillement la reine. Et, continua-t-elle avec le même calme, vous n’avez vu personne, vous n’avez pas vu monsieur de Rohan ?

– Monsieur de Rohan, si fait, madame, il est venu nous rendre visite et s’informer…

– Très bien ! répliqua la reine ; n’allons pas plus loin ; du moment que monsieur le cardinal de Rohan se trouve encore mêlé à cette affaire, vous auriez tort de vous désespérer. Je devine : madame de La Motte, en vous disant ce mot : Attendez, aura voulu… Non, je ne devine rien et je ne veux rien deviner… Allez seulement trouver monsieur le cardinal, et lui racontez ce que vous venez de me dire ; ne perdez pas de temps, et ajoutez que je sais tout.

Les joailliers, ranimés par cette petite flamme d’espérance, échangèrent entre eux un regard moins effrayé.

Bossange seul, qui voulait placer son mot, se hasarda bien bas à dire :

– Que, cependant, la reine avait entre les mains un faux reçu, et qu’un faux est un crime.



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