Le bourreau des cœurs by Sonia Alain

Le bourreau des cœurs by Sonia Alain

Auteur:Sonia Alain [Alain, Sonia]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Éditions Monarque
Publié: 2022-02-11T00:00:00+00:00


Lorsque Catherine quitta ses quartiers ce jour-là, elle flottait. Peu importait en définitive les bilans préoccupants du royaume, la rancœur des Écossais, ou l’arrogance du roi de France. Tout ce qui comptait à ses yeux en cet instant précis, c’était que Henri lui ait avoué son amour au cœur de leurs ébats enfiévrés de la nuit dernière. Surtout, il désirait qu’elle réintègre sa vie. Cette promesse était au-delà des espérances de la jeune femme.

Durant l’automne, le pape Jules II décida de former une Sainte Ligue en vue d’opposer un front commun à leur ennemi, la France, qui montrait un intérêt beaucoup trop marqué pour le nord de l’Italie. Ferdinand II d’Aragon et l’empereur Maximilien avaient incité Henri à se joindre à eux, ce que celui-ci s’était empressé d’accepter. En effet, il espérait en secret reprendre possession des terres jadis perdues par ses aïeux — au bénéfice de la France. Henri convoitait également la couronne de France, qu’il considérait comme sienne par droit de succession.

Cette Ligue représentait donc pour lui un moyen d’attaquer le royaume de France avec une concentration de forces dont il n’osait rêver jusque-là. Cette guerre était d’autant plus légitime pour le monarque que le Saint-Père était allé jusqu’à retirer à Louis XII son titre de « Roi très-chrétien » afin de le donner à Henri, tout en lui promettant de le sacrer roi de France en cas de victoire. De quoi raviver ses plus grandes aspirations. Déjà, le Tudor se voyait ceint d’une double couronne.

Fort de cette bonne fortune, Henri mit de côté le traité contracté de nombreuses années auparavant avec l’Écosse, et cela en dépit du fait que sa sœur, Marguerite, en était la reine. Catherine se désolait de le voir chercher querelle aux Écossais, envenimant la tension entre eux. C’était une mauvaise décision, surtout que ceux-ci étaient leur voisin direct. Elle savait que Henri méprisait Jacques IV d’Écosse qu’il considérait comme une épine dans son pied, et un frein à ses ambitions. Animé par le désir de posséder davantage de richesses, de terres et de pouvoir, Henri ne se contentait plus de l’Angleterre. Il revendiquait la France et l’Écosse.

Il refusa même d’envoyer à son aînée, Margueritte, les bijoux que leur père lui avait légués, argüant que ceux-ci appartenaient au trésor royal. Catherine s’inquiétait de cette tension qui s’amplifiait. Gouverner l’Angleterre requérait déjà toute l’attention du conseil privé. C’était un non-sens. Surtout que le défunt monarque, Henry VII, s’était efforcé toute sa vie de maintenir une paix pérenne avec ces deux voisins. Cette paix avait été fragile, mais elle avait malgré tout perduré.

En s’en prenant à la France et à l’Écosse simultanément, Henri risquait de réveiller de vieilles rancœurs, et de renforcer l’Ancienne Alliance qui liait ces deux royaumes, ce qui pourrait se révéler catastrophique pour l’Angleterre. Il suffisait que la France et l’Écosse s’unissent pour que l’Angleterre soit encerclée et prise en étau entre ses deux ennemis.

Catherine avait tenté d’en informer Henri, mais il refusait de l’écouter. Étant donné que leurs réconciliations demeuraient précaires, elle n’osait pas insister, de crainte qu’il la repousse et rompe de nouveau les ponts entre eux.



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