La villa aux étoffes by Anne Jacobs

La villa aux étoffes by Anne Jacobs

Auteur:Anne Jacobs [Jacobs, Anne]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Romance, Historique
ISBN: 9782368125090
Éditeur: Éditions Charleston
Publié: 2020-06-02T22:00:00+00:00


En ce 29 janvier de l’an 1895, l’ingénieur et inventeur Jakob Burkard a été inhumé. Il n’avait que trente-huit ans. Que Dieu ait pitié de son âme.

Son père était mort quelques jours après son mariage...

— J’ai célébré ce mariage par miséricorde, expliqua le prêtre. Mais il était illégal, car tes parents ne se sont pas mariés civilement. Ta mère a toujours refusé le mariage bourgeois, c’était l’une de ses convictions, que j’acceptais sans les partager. Mais, comme la fin de ton père était proche, elle a fait une concession en consentant à un mariage religieux. Je tiens à affirmer que tes parents étaient mariés devant Dieu, car les lois divines sont au-dessus des lois des hommes.

Il avait prononcé ces paroles avec une profonde conviction. Il ajouta que, dans ses meilleures années, le père de Marie avait été un inventeur de génie et qu’elle pouvait être fière de lui, car Johann Melzer lui devait beaucoup.

— Mon père a donc travaillé pour M. Melzer ?

Une juste colère envahit le prêtre. On avait dissimulé à cette jeune fille l’identité de son père. On l’avait internée dans un orphelinat, on lui avait menti sur le compte de ses parents et, pour finir – quelle grandeur d’âme ! –, on l’avait embauchée comme fille de cuisine.

— Ton père, Marie, a construit et perfectionné toutes les machines de l’usine Melzer. Sans Jakob Burkard, cette usine n’existerait pas.

Cela devait être dit, ne serait-ce qu’une fois. Que M. Melzer cesse ses dons généreux à la paroisse Saint-Maximilien et fasse jouer ses relations pour forcer le curé Leutwien à prendre une retraite anticipée si ça lui chante, pensa-t-il. La stupéfaction de la jeune fille, qui céda la place au bonheur puis au ravissement, le récompenserait largement de sa peine.

— C’est... c’est vrai ? bafouilla-t-elle. Mon père était donc un inventeur aussi doué... ? Toutes les machines... ? Mon Dieu !

Leutwien avait reculé sa chaise pour retirer du bureau l’un des tiroirs et le poser dessus. Son contenu était dans le même désordre que la pièce : papiers, objets de piété, boîtes en carton et en fer-blanc s’y entassaient pêle-mêle. Il fouilla dedans en bougonnant et finit par trouver ce qu’il cherchait. C’était une boîte en carton pas plus large que la main. Un papier orné d’un motif de roses était collé sur son couvercle. Elle était nouée d’une faveur rose pâle que Leutwien défit pour l’ouvrir.

— Voilà ce que ta mère m’a donné avant de mourir, dit-il à Marie. Je devais te le remettre seulement à ta majorité, mais je crois que Luise Hofgartner aurait été d’accord pour que je le fasse dès maintenant.

La boîte contenait un carré de coton blanc sur lequel reposait une petite chaîne en argent avec, en pendentif, une minuscule clef.

Les mains de Marie tremblaient quand elle la prit. Les mains de sa mère avaient touché cette boîte et y avaient déposé ce bijou. Elle avait certainement porté ce pendentif, et c’était tout ce qu’elle avait laissé à son enfant, qui devait s’avancer seule dans la vie, sans père ni mère.



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