La vie quotidienne en France au temps du Front populaire by Noguères Henri

La vie quotidienne en France au temps du Front populaire by Noguères Henri

Auteur:Noguères, Henri [Henri, Noguères]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire
Éditeur: Hachette
Publié: 2015-10-23T00:00:00+00:00


Après la mer, la neige…

Non content d’avoir ainsi réussi, dès le premier été du Front populaire, à « démocratiser » les plages, toutes les plages, sans se laisser impressionner par les protestations des « habitués » qui ne se sentaient lésés que dans l’exercice de leurs privilèges de caste et de fortune, Léo Lagrange devait s’attaquer, de la même façon, avec autant d’énergie et autant de succès, à un autre terrain de prédilection de la fraction la plus « évoluée » de la bourgeoisie possédante – un monopole de fait d’autant plus âprement défendu qu’il s’agissait d’habitudes prises depuis relativement peu d’années et encore réservées à une « élite » très restreinte : les sports d’hiver.

Dès la Noël de 1936, on a enregistré dans les gares parisiennes, cinquante mille départs vers la neige. Quelques jours plus tard, le sous-secrétaire d’État aux Sports et Loisirs sera invité par le Centre laïque des auberges de la jeunesse à inaugurer, à Saint-Gervais, « l’auberge Léo Lagrange ». Madeleine et Léo Lagrange y arriveront les skis aux pieds et y pénétreront en passant sous la voûte pacifique des bâtons croisés au-dessus de leurs têtes…

Grâce aux billets Lagrange, aux « collectifs », aux trains de neige, aux auberges et refuges de montagne, les sports d’hiver vont, très vite, se démocratiser aussi mais en restant toujours dans des limites plus étroites que les vacances à la mer. Il est vrai que, même en s’équipant au meilleur compte, la pratique du ski exige une mise de fonds beaucoup plus importante que ne l’est la simple acquisition d’un caleçon de bain.

Quant à la vie quotidienne du skieur en montagne, elle est, entre 1936 et 1938, assez différente de ce qu’elle sera par la suite – et surtout de ce qu’elle est devenue. Pas de remonte-pentes, peu de téléphériques (c’est en accompagnant Madeleine Lagrange en janvier 1937 à l’inauguration du téléphérique du Sancy que je découvrirai l’agrément de descendre plusieurs fois par jour des pistes que l’on n’a pas, au préalable, « gagnées » péniblement avec des peaux de phoque). On farte soi-même ses skis, avec un fer à repasser, avant de s’engager sur la neige. On compense par des carres d’acier la mollesse du frêne – tout en rêvant à l’hickory ; on considère que la qualité principale d’une attache est de libérer le ski au moindre incident… et l’on voit plus d’une fois un ski vivre son aventure personnelle dans une descente vertigineuse avant d’aller se ficher dans la neige beaucoup, beaucoup plus bas. On apprend alors à descendre sur un seul ski… Enfin on ne pousse guère la technique bien au-delà du christiania, du chasse-neige et de… l’arrêt Briançon.

Des sports d’hiver aux sports en général, la transition est aisée. D’autant que ceux-ci comme ceux-là sont de la compétence du même ministre. À vrai dire, après la chute du premier ministère Blum, cette compétence s’est même trouvée accrue : à l’origine, en effet, Léo Lagrange, s’il avait vocation à s’occuper des Sports et des Loisirs, ne touchait pas à l’éducation physique, confiée au radical Deszarnaulds.



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