La renaissance de la nounou barbue (French Edition) by Aloysius Chabossot

Auteur:Aloysius Chabossot [Chabossot, Aloysius]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions du Camembert
Publié: 2016-01-14T16:00:00+00:00

Chapitre XIV

Le réveillon tombant un mercredi, j’avais décidé de fermer le salon le mardi : cinq jours de vacances bien mérités, et tant pis pour la recette. Je me rattraperai largement pour le Nouvel An : les deux jours précédant le réveillon, on faisait du non-stop, 10 heures d’affilée, les mains plongées dans les tignasses du Tout-Bergniac et de ses environs : c’est que tout le monde voulait paraître à son avantage pour franchir le cap de la nouvelle année : pas un cheveu blanc, pas une mèche rebelle ne devait gâcher la fête ! Mieux : il n’était pas rare que pour l’occasion on se lance dans des excentricités capillaires, genre extension de chignon ou coloration tricolores, censées épater la galerie. Tout ça c’était bon pour le commerce.

En attendant, je me réjouissais de ces quelques jours de repos et de liberté qui débutaient.

Une mauvaise nouvelle vint cependant ternir mon enthousiasme : Elias ne serait pas présent pour le réveillon. Bien sûr, il était très content de participer aux préparatifs, mais le 24 au soir se ferait sans lui.

— Tu vas faire quoi ? Tu ne connais personne dans la région !

Il eut l’air étonné de ma remarque. Après quelques secondes de réflexion, il finit par dire :

— Noël, c’est une fête de famille avant tout. C’est quelque chose d’intime, tu ne trouves pas ?

Puis il ajouta :

— Ma sœur sera de passage à Paris le 24, avec son mari et les enfants. Ils viennent essentiellement pour que l’on passe le réveillon ensemble, je ne peux pas rater cette occasion : ça fait tellement longtemps que je ne les ai pas vus.

Il partirait le matin même, et rentrerait le 25 dans l’après-midi. J’ai eu beaucoup de mal à cacher ma déception, en fait j’en aurais presque pleuré : j’étais tellement heureuse à l’idée qu’il participe à LA fête familiale par excellence. Heureusement, je n’avais encore rien dit aux enfants, je voulais leur faire la surprise. Quand Lucas m’a posé la question, je n’avais d’autre choix que de lui dire la vérité. Il s’était montré tout aussi déçu que moi, tout en l’exprimant du haut de ses 7 ans d’une façon bien à lui :

— Oh Nooooooon. Fait chier…

— Dis donc, Lucas !

Il avait fait demi-tour, les bras ballants et la mine éteinte, puis s’était enfermé dans sa chambre toute la soirée.

Tante Lulu, elle aussi était déçue. Cependant, son esprit semblait préoccupé par autre chose. De toute évidence, elle avait un truc sur le bout de la langue qu’elle n’osait pas déballer.

— Vas-y, parle. De quoi tu as peur ?

— Oh, mais je n’ai pas peur ! Qu’est-ce que tu crois ? Tu as oublié l’époque où je te courrais après avec mon martinet parce que tu t’étais goinfrée de prunes jusqu’à t’en faire péter la panse ! Tu n’as pas tant changé que ça, tu sais !

— Oui, enfin, tu ne m’as jamais attrapée, avec ton martinet. Bon, alors, parle…

— Tu ne trouves pas ça un peu gros, toi, cette

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