Ink by Isabelle Rowan

Auteur:Isabelle Rowan [Rowan, Isabelle]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Bit Lit
Éditeur: MxM Bookmark
Publié: 2015-12-02T23:00:00+00:00

15

Michael n’était pas un enfant, et Dominic le savait parfaitement. Il avait vécu pas mal de choses dans sa courte vie, mais cette vie-là n’existait plus. Son nouveau monde se constituait de ténèbres, de sang et de menaces qu’il n’avait même pas envisagées. Dominic soupira. Il était tenté d’ouvrir la connexion entre eux et de rechercher Michael.

— Mais est-ce pour lui ou bien pour toi ? marmonna-t-il.

Son regard se posa sur le sol sablonneux de la petite bordure du jardin, ce sable qui s’écoulait à présent, comme de l’eau, entre ses doigts. Les jonquilles étaient encore en fleur, mais une trace légère de rouille commençait à flétrir le bord de leurs pétales dorés. Dominic esquissa un geste pour enlever un pissenlit qui s’était invité dans le parterre de fleurs, mais s’arrêta. Du bout des doigts, il caressa la fleur qui était fermée pour la nuit. Une petite pointe de jaune apparaissait sous le vert et il savait qu’elle ne s’ouvrirait que lorsque les rayons matinaux du soleil la réchaufferaient.

— Je ne te verrai jamais, dit-il en effleurant du pouce le petit plumeau qui émergeait du bourgeon.

— N’envie pas la mauvaise herbe, dit Michael souriant sur l’allée. Elle n’est belle que pendant un très court instant. Pas comme nous, n’est-ce pas ?

Il remonta nonchalamment le chemin et s’arrêta derrière Dominic. Il passa délicatement ses doigts dans les cheveux blond foncé, espérant dissiper la mélancolie qui hantait son compagnon.

— N’est-ce pas suffisant de savoir que tu les laisses ici pour fleurir à leur guise alors que les autres, les humains, s’empresseraient de les arracher ?

Dominic rit doucement et leva les yeux vers son amant.

— L’éternel optimiste.

Michael lui fit un clin d’œil et se laissa tomber dans l’herbe du jardin.

— Non, j’estime juste que je n’ai pas besoin de voir les choses pour savoir qu’elles existent.

Il prit une poignée de sable et le laissa couler par le bas de son poing fermé.

— Pourquoi gardes-tu ce côté du jardin quand tu sais que tu ne verras jamais les fleurs dans toute leur splendeur ?

Dominic fronça les sourcils et intercepta le sable avant qu’il ne tombe dans le parterre de fleurs. Il regarda fixement les fins grains gris dans sa paume.

— Parce que je sais que le jardin fleurit.

Il sourit et essuya sa main.

— C’est ça, confirma Michael avec un sourire juvénile.

Puis il essuya lui aussi sa main sur son jean et son sourire se fana un peu.

— Quand je disais qu’un humain aurait arraché le pissenlit, j’ai dit ça sans penser que ce n’était plus moi à présent, ce n’était pas nous. Nous ne sommes pas humains, n’est-ce pas ?

— Je me pose encore cette question, Michael, répondit Dominic avec sérieux. À quel point notre humanité reste en nous, et qu’est-ce qui l’a remplacée si elle s’en est allée ?

En repensant à sa conversation avec Abby, Michael se posait encore des questions.

— Sommes-nous une nouvelle espèce ? Ou bien, je n’en sais rien, avons-nous changé, ou évolué en quelque chose d’autre… ?

—- Au début, je croyais que c’était comme une sorte de maladie.

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