La Mort de Dinah by Emmanuel Bove

La Mort de Dinah by Emmanuel Bove

Auteur:Emmanuel Bove
La langue: fra
Format: epub, mobi
Tags: Romans/Moeurs
Éditeur: Bibliothèque numérique romande
Publié: 2017-04-27T04:00:00+00:00


L’été touchait à sa fin. Le docteur Python, qui avait deviné la gêne de Mme Auriol, ne cessait pourtant de répéter que Dinah ne pouvait être sauvée qu’à la condition de l’envoyer le plus tôt possible en Suisse. Affolée, Édith se rendit une nouvelle fois chez sa sœur Mary, avec l’espoir que Germain serait en possession des deux cent mille francs. Il était cinq heures de l’après-midi. Elle sonna. Au bout d’un moment, Mary vint lui ouvrir. Cette dernière était méconnaissable. Elle avait sans doute pleuré toute la journée. Ses yeux étaient rouges, son teint d’une pâleur de mort. À la vue de sa sœur, elle balbutia :

— Entre… entre vite… je ne sais plus où je suis, où je vais, ce que je deviens.

Édith la suivit au salon. Celui-ci était à demi vide. Le piano n’était plus là. Des rideaux traînaient à terre. À la place des fauteuils, il y avait trois chaises de la salle à manger.

— Qu’est-ce qui est arrivé ? demanda Édith pressentant quelque malheur.

Mary la regarda, parut réfléchir un instant.

— Germain a reçu les deux cent mille francs, dit-elle d’un trait. Il les perd en ce moment. Il les perd chaque jour. Il a divisé cette somme en dix parts égales. Il y a six jours qu’il joue. Il a perdu cent vingt mille francs. Ce soir il en perdra encore vingt mille. Dans trois jours, il n’aura plus rien. Je l’ai supplié pour toi. Il est comme un fou. Il n’entend pas. Il veut gagner. Tu m’entends ? Il veut gagner. Il le veut. Il n’y a rien à faire. Il le veut. Reste, attends-le. Peut-être pourras-tu le fléchir.

Il y avait une heure qu’Édith causait avec sa sœur, lorsque Germain entra dans le salon. Il était très calme, mais pâle. On eût dit qu’après avoir longtemps hésité il venait, en prenant une décision, de libérer son esprit et qu’il savourait la paix retrouvée bien qu’il continuât d’être, au fond de lui-même, partagé, comme avant, entre deux projets. Il prononça quelques mots sans importance et, après avoir jeté un regard indifférent sur le salon à demi vide, s’assit sur le premier siège venu, avec ce même mépris du confort que l’on a dans une salle d’attente quelconque.

— Tu es venue nous rendre une petite visite, dit-il à Édith.

Puis se retournant vers sa femme, il répéta :

— Elle est venue nous rendre une petite visite.

Quoiqu’il fût bien las, ce fut avec une pointe d’humour qu’il prononça ces derniers mots. Brusquement, il se leva.

— Je ne sais pas pourquoi je suis rentré. Je n’ai rien à faire ici. Au revoir.

— Une minute, écoute, dit précipitamment sa femme, Édith a à te parler. Il s’agit de Dinah.

— Je n’ai pas le temps, répondit-il, avec une lassitude subite. Je sais ce qu’il en est, mais vraiment je ne peux rien faire aujourd’hui. Tu ne comprends donc pas, Édith, que la situation est désespérée, que je n’ai pas d’argent.

Il continua sur un ton larmoyant, cherchant à inspirer de la pitié.

— Évidemment je voudrais faire quelque chose.



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