LA FRANCE CONTESTE by CHARLES TILLY

LA FRANCE CONTESTE by CHARLES TILLY

Auteur:CHARLES TILLY [TILLY, CHARLES]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: FAYARD
Publié: 1986-02-25T23:00:00+00:00


Quoique les prises de grains prennent fin avec la récolte de 1775, le marché central de Paris est le cadre d'une nouvelle bataille, concernant celle-ci le prix des œufs, en février 1776. Après quoi la capitale ne connaît plus de luttes de subsistance pendant une douzaine d'années, jusqu'au milieu de 1788. En province aussi, ce type de conflits diminuent, et l'exception que constitue en 1778 la grande rébellion de Toulouse est moins une prise de grains qu'une lutte entre la milice et la municipalité.

Parallèlement à celle que soulève à travers le royaume l'augmentation du prix du pain, une autre tempête se déchaîne touchant les parlements. Dans son journal, Hardy ouvre l'année 1772 en écrivant : « Ce jour, on est informé par de nouvelles lettres particulières de la ville de Rouen, que la fermentation y augmentait de jour en jour à l'occasion de l'établissement du Conseil supérieur; que presque tous les membres de ce conseil avaient été obligés de déguerpir dans la crainte d'être assassinés ; que le curé de la paroisse de Saint-Maclou n'osait sortir de son presbytère, où il était comme bloqué et investi par les pauvres de la paroisse, qu'il lui était absolument impossible d'assister faute de secours; et que le clergé, la noblesse, en un mot tous les ordres de la province de Normandie paraissaient disposés à se soulever contre les opérations de Monsieur le Chancelier, dont ils commençaient à sentir le notable préjudice » (BN Fr 6681).

Le chancelier en question est Maupéou, dont les conseils supérieurs sont censés remplacer avantageusement les parlements récemment exilés. L'année est à peine entamée que les habitants de Rouen forcent Ficquet de Wormanville, président du nouveau conseil, à quitter sa voiture pour s'agenouiller dans la boue et promettre de renoncer à jamais à l'exercice de ses fonctions. Vers la même époque, on affiche la condamnation à mort de Ficquet et de l'intendant Crosne (lui aussi premier président du conseil), et l'on construit un échafaud où ils seront pendus en effigie. A la suite de ces troubles, qui ne cessent qu'avec l'arrivée des troupes envoyées à Rouen par le gouvernement, le faux bruit se répand que le chancelier va être destitué, et Hardy peut lire sur les murs de Paris un graffiti proclamant que Maupéou est un scélérat et mérite d'être écartelé.

Lorsque, en août 1774, Maupéou finit par partir en exil, les habitants de Compiègne (siège temporaire du gouvernement) lancent des pierres contre sa voiture. A Paris, on brûle des effigies du chancelier et du contrôleur général Terray. Place Dauphine, le mannequin qui figure Maupéou est un broc de blanchisserie plein de paille, surmonté d'une tête et revêtu d'une vieille robe de magistrat ; on annonce que, par décision du Parlement, le Sieur de Maupéou, Chancelier de France, est condamné à être brûlé vif, et ses cendres dispersées au vent – sentence qui est immédiatement exécutée. Deux jours plus tard, une nouvelle effigie de Maupéou, truffée de pièces d'artifice, est brûlée au Pont-Neuf devant la statue d'Henri IV. Le 12 septembre,



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