La Fin de l'Euro-libéralisme by Jacques Sapir

La Fin de l'Euro-libéralisme by Jacques Sapir

Auteur:Jacques Sapir
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Seuil


La fin de l’URSS est-elle la victoire finale du marché ?

À nouveau, on ne pleurera pas la fin d’un système que, personnellement, on ne tint jamais, ni de près ni de loin, pour « socialiste »27. Il faut ajouter que ce qui est en cause ici est l’économie soviétique et non l’ensemble du système politique et ses patho­logies. Mais, là encore, la vérité des faits devrait inciter à plus de prudence et à moins d’arrogance. L’instrumentalisation qui est faite de la fin de l’URSS est plus révélatrice des présupposés idéologiques de ses auteurs que d’une réelle tentative de comprendre ce qui fut un fait majeur du XXe siècle28.

La crise puis l’implosion du système soviétique ne sont pas survenues tels des coups de tonnerre dans un ciel serein. Bien sûr, presque jusqu’à la fin (1989), les statistiques officielles continueront de montrer une croissance non négligeable. Mais, si l’on suit les données corrigées et déflatées qui éliminent certains biais propres au système comptable et statistique soviétique (absence de prise en compte de la hausse des prix dans l’industrie, surestimation de certaines productions), le taux de croissance a en réalité brutalement fléchi dans les années 1970 avant de devenir quasi nul à partir de la fin de la décennie. L’économie soviétique était entrée dans une crise dont elle ne se releva pas. Pourtant, cette crise ne fut pas une caractéristique permanente du système29. Affirmer qu’il a été constamment inférieur aux économies occidentales fait fi de ce que l’on peut savoir.

Le rythme de progression de la productivité est ici un indicateur important. Il traduit l’efficacité dynamique d’un système économique. Or, l’efficacité dynamique du système soviétique n’a pas été foncièrement médiocre, et surtout elle n’a pas été uniforme dans le temps.

Si la croissance et le développement des années 1930 se sont faits à un coût social et humain élevé dans des logiques relevant de l’accumulation extensive avec une faible productivité, on observe des gains de productivité qui ne sont pas éloignés de ceux des économies occidentales pour la période 1955-1970. Même les données déflatées, qui sont les moins favorables au système soviétique, donnent un gain annuel moyen égal ou supérieur à 3 %. Ce rythme est supérieur à celui enregistré pour la productivité du travail dans le secteur manufacturier aux États-Unis et en Grande-Bretagne entre 1955 et 1973 (respectivement 2,4 % et 2,8 %). Il est cependant inférieur au rythme enregistré en France dans la même période (5,9 %) et peu différent de celui de la RFA (3,9 %).

L’efficacité dynamique de l’économie soviétique dans le domaine industriel a ainsi été excellente sous la NEP. En revanche, elle a été incontestablement médiocre durant les premiers plans quinquennaux (tableau 2-4). Les chiffres officiels sont peu crédibles, et les désordres économiques entre 1929 et 1933 d’une telle ampleur qu’une stagnation de la productivité est alors probable, même si la situation s’est certainement améliorée par la suite. L’empreinte du stalinisme est ici clairement visible. Cette efficacité s’est par la suite située dans une honnête moyenne jusqu’au milieu des années 1970, même si l’on ne retient que les données déflatées.



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