Je nous ai attendus si longtemps by Joffrey Gabriel

Je nous ai attendus si longtemps by Joffrey Gabriel

Auteur:Joffrey Gabriel [Gabriel, Joffrey]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Je nous ai attendus si longtemps, Joffrey Gabriel, Grand prix Femme Actuelle 2020 Coup de cœur des lectrices, Et l'amour continue, La Mémoire de la mésange, roman, roman féminin, roman sentimental, romance, histoire d'amour, Normandie, plage normande, couple, premier amour, retour dans le passé, quête, espoir, bonheur, amour
Éditeur: Prisma Média
Publié: 2023-08-29T11:10:23+00:00


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Le serveur nous apporte l’addition et Maxime s’empresse de plonger sa main dans sa poche pour régler. Je m’imagine que, par ce geste, il souhaite me montrer qu’il n’est plus un adolescent, qu’il peut subvenir aux besoins d’une famille, qu’il pourrait être là pour moi financièrement. Ou, peut-être, il est simplement galant. Il pose sa carte bleue sur la table, et je murmure un merci. Il avale le fond de son café amer et retire son bras autour de mes épaules.

– Pourquoi es-tu là, Emma ?

Sa question me fait l’effet d’un uppercut en pleine face. Est-ce qu’il se demande pourquoi je suis là, là au restaurant à côté de lui, ou là, de retour à Deauville, quinze ans plus tard ?

– J’imagine que j’avais des questions sans réponse.

C’est terrible des questions sans réponse. Je les ressasse sans cesse, cherchant un scénario dans lequel je trouve une solution.

– Pourquoi tu ne m’as pas appelé quand je suis parti à New York ?

Sa question m’apparaît d’une condescendance sans précédent, comme si je revoyais le jeune homme qu’il était, haussant les épaules, réservant minutieusement ses paroles. Il attendait donc que je l’appelle ? Lui ? Alors qu’il était parti ?

– J’imagine que je pourrais te retourner la question, lui lancé-je, un peu sur la défensive.

Ma réponse ne semble pas le satisfaire. Il tend sa carte bleue au serveur qui l’encaisse. Je ne suis pas à l’aise avec les éclats de voix en public, alors je me retiens le temps que le garçon fasse le nécessaire. La tension est palpable autour de la table. Je fais tourner le verre dans lequel une gorgée de pouilly se réchauffe sous le soleil de juin, histoire d’occuper mes mains. Le ticket sort de l’appareil, le paiement est accepté, le serveur quitte notre table. Maxime, lui, semble être déjà passé à autre chose. Il se relève, laisse un pourboire sur la table et quitte le restaurant. Je marche dans ses pas et accélère pour le rattraper.

– Maxime !

Il se retourne.

– Attends-moi !

Il ne semble pas s’apercevoir du malaise.

– Tu aurais voulu que je t’appelle ? Tu aurais voulu que je t’appelle quand tu étais à New York ?

Oui, je commence à faire comme ma mère et pose deux questions d’affilée.

– Bah oui, pourquoi pas ?

Pourquoi pas ? Pourquoi pas ? Tu veux que je t’en donne des pourquoi pas ? Parce que tu es parti, parce que tu m’as quittée. Parce que, moi aussi, j’attendais ton appel. Je ne lui réponds rien, aucune réponse ne me convient. Je me mords la lèvre pour que ma rancœur ne se déverse pas sur ce moment.

Nous marchons le long de la plage, je retire même mes chaussures pour sentir le sable sous mes pieds. Mes orteils s’enfoncent délicatement. Maxime garde les siennes, et nous nous dirigeons vers la marina, vers son hangar.

– Tu veux venir travailler avec moi ? me demande-t-il.

– Je ne suis pas sûre d’être d’une grande utilité, je vais plutôt rentrer voir mes parents.

Il s’enquiert d’eux, de leur santé.



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