J by Howard Jacobson

J by Howard Jacobson

Auteur:Howard Jacobson [Jacobson, Howard]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Post-Apocalyptique
Éditeur: Calmann-Lévy
Publié: 2014-12-31T23:00:00+00:00


2

Amis

I

— Nous n’aurions pas dû partir, dit Kevern à Ailinn une fois à l’intérieur.

Elle sentit qu’il lui en voulait, même si l’idée de l’escapade était de lui.

— As-tu l’impression qu’on a pris quelque chose ? demanda-t-elle.

— Ce n’est pas ce qui a été pris. Il n’y a pas d’objet de valeur. C’est ce qui a été vu qui m’inquiète.

Il se planta devant la fenêtre, ne voulant pas regarder autour de lui, et s’enfonça les poings dans les yeux.

— Oh ! s’exclama Ailinn.

— Quoi ?

— T’as de grands pieds, tu sais. (Il la regarda sans comprendre.) J’essaie de te réconforter avec de l’humour, dit-elle.

Elle restait désemparée au milieu du petit salon, ne sachant pas où se mettre, quelle aide proposer, quoi dire. Comme Kevern plaisantait quand il était perdu, elle avait cru bon d’en faire autant. Sa blague eut pour seul effet de lui rappeler quelque chose, et il monta en courant à l’étage. Elle l’entendit faire du bruit en tous sens, comme un animal sauvage pris au piège dans un grenier. Au bout de dix minutes, il redescendit, livide.

— Ils sont montés ? demanda-t-elle.

— Ils ?

— Des gens ?

Il se laissa tomber dans un fauteuil en haussant les épaules.

— Ils ont dû. Tout est trop bien rangé.

— Alors rien n’a disparu ?

— Difficile à dire. Les disques de mon père sont toujours là. Et tous ses livres, il me semble. C’est déjà ça. S’ils voulaient m’accuser de conserver un objet de famille, ils auraient emporté quelque chose. Mais qui sait ce qu’ils ont lu, écouté ou photographié ?

Elle ne put s’en empêcher :

— Ils ?

— Tu devrais partir.

Elle alla l’embrasser sur le dessus du crâne.

— Je ne peux pas te laisser seul dans cet état.

— Qu’entends-tu par « dans cet état » ? Tout va bien.

— Alors je ne peux pas te laisser comme ça. Allez, parle-moi. Qu’est-ce qui est arrivé, selon toi ?

Il se pencha en avant et laissa tomber sa tête entre les genoux.

— Achab est venu, dit-il.

Un détail qu’il ne mentionna pas : la personne qui avait remis le tapis bien droit s’était allongée sur son lit.



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