Histoires des médias: Des signaux de fumée aux réseaux sociaux, et bien après by Jacques Attali

Histoires des médias: Des signaux de fumée aux réseaux sociaux, et bien après by Jacques Attali

Auteur:Jacques Attali [Attali, Jacques]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782213718835
Google: 6o4REAAAQBAJ
Éditeur: Fayard
Publié: 2021-01-19T23:00:00+00:00


La presse pendant la guerre, chez les Alliés

Dès l’entrée en territoire soviétique des troupes du IIIe Reich est créé à Moscou un Bureau de la propagande politique et militaire. La radio et les haut-parleurs sont alors installés partout. De 1939 à 1941, le nombre de radiotochki (matériel pour recevoir la radio et pour la diffuser par haut-parleurs) est multiplié par dix. À la fin de l’année 1941, il existe encore 18 journaux, qui décrivent surtout les exactions commises par les troupes nazies ; Vassili Grossman, correspondant de guerre pour L’Étoile rouge, couvre les batailles de Moscou, Stalingrad, Koursk puis Berlin ; il est l’un des premiers à décrire les atrocités commises par les Allemands à Treblinka. À part lui, les reporters de guerre ne sont bientôt plus que des militaires. Le gouvernement envoie aux stations régionales des milliers d’heures d’émission de propagande et 70 000 enregistrements de Rimski-Korsakov, Tchaïkovski, Beethoven, Glinka, en particulier pendant le siège de Leningrad, alors que les ouvriers et les habitants affamés se plaignent de n’entendre que des symphonies et pas des chansons. Staline repère un jeune présentateur de radio, Youri Lévitan, et en fait le lecteur officiel à la radio des dépêches du bureau d’information soviétique : c’est lui qui, le 9 mai 1945, annonce la défaite du IIIe Reich. Lévitan sera la voix de l’URSS jusqu’à sa mort en 1983 et il mourra en commentant une commémoration de la bataille de Koursk, à Prokhorovka, d’une attaque cardiaque.

En Grande-Bretagne, en mai 1940, le cabinet de Churchill instaure un système de « censure volontaire ». En juin, alors qu’une tentative d’invasion allemande semble imminente, la censure se fait plus sévère ; le ministre de l’Intérieur obtient le droit de suspendre provisoirement tout journal. Ce sera le cas seulement de deux journaux communistes (The Week et le Daily Worker), interdits de janvier 1941 à septembre 1942. Le Daily Mirror, pourtant très hostile à la guerre et à Churchill, n’est pas suspendu, même si Churchill va jusqu’à demander une enquête, soupçonnant Himmler ou Hess d’y détenir des parts. D’une façon générale, le gouvernement compte, à juste titre, sur le patriotisme des médias et des journalistes. Aucune fuite ne vient des fonctionnaires, des militaires, des parlementaires, pourtant très informés par le gouvernement. Deux quotidiens, le Daily Express et le Daily Mirror, et les journaux du dimanche (News of the World, The People et The Sunday Express) dominent le marché et renforcent leur tirage : le Daily Express passe en particulier de 2,5 millions d’exemplaires en 1939 à presque 4 millions en 1945. Les cinémas diffusent de très brèves actualités avant les films. La radio devient un instrument de propagande : en 1940, John Reith, père de la BBC, est nommé ministre de l’Information. Pour lui, « les informations sont les soldats d’élite de la propagande » et il faut tout dire d’une façon valorisante ; la BBC couvre la bataille d’Angleterre avec des journalistes dépêchés sur la côte dans des voitures équipées. Le 13 juin 1940, un journaliste décrit en direct un combat aérien entre la RAF et la Luftwaffe.



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